Côte d’Ivoire: l’opposition descend dans les rues d’Abidjan pour s’opposer au quatrième mandat d’Alassane Ouattara
Ce 9 août 2025, des milliers d’Ivoiriens ont convergé vers Yopougon, quartier populaire d’Abidjan, pour une marche historique organisée par le Front Commun, coalition regroupant les deux principaux partis d’opposition, notamment le PDCI-RDA de Tidjane Thiam et le PPA-CI de l’ex-président Laurent Gbagbo. Cette mobilisation, la plus importante depuis l’annonce de la candidature controversée d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat, cristallise les tensions politiques à trois mois de la présidentielle du 25 octobre.
Initialement prévue le 2 août au Plateau (centre politique), la marche avait été interdite par les autorités. Reportée et relocalisée à Yopougon, bastion de la résistance anti-Ouattara, son parcours de 2 km jusqu’à la place Ficgayo a été sécurisé par les organisateurs. Et dès l’aube de ce samedi, une foule composée de jeunes, femmes, anciens, a envahi le carrefour Sadiguiba, point de départ de la marche.
Les revendications selon les marcheurs sont claires: emmener Alassane Ouattara à renoncer à son quatrième mandat. Et dans le feu de l’action, les manifestants, brandissant pancartes et drapeaux, ont scandé « Trop c’est trop », « Non au 4e mandat » et exigé « Justice pour les crimes impunis ». Leur colère cible à la fois la candidature de Ouattara et le maintien de l’armée française en Côte d’Ivoire.
De son côté, l’opposition dénonce une « violation flagrante » de la Constitution, notamment l’article 55 qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Élu en 2010 et 2015, Ouattara avait obtenu un troisième mandat en 2020 grâce à une révision constitutionnelle controversée (2016) qui, selon le Conseil constitutionnel, « remettait le compteur à zéro ». Le PDCI-RDA qualifie aujourd’hui sa quatrième candidature de « dérive autocratique » et de « menace pour la paix sociale ».
Des leaders de l’opposition comme (Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé) ont été exclus de la liste électorale pour des motifs juridiques contestés, condamnations liées à la crise post-électorale de 2010-2011 ou questions de nationalité. Le Front Commun exige leur réintégration et un audit indépendant de la Commission électorale (CEI), jugée inféodée au pouvoir .
–Pression sécuritaire
Ces dernières semaines, des arrestations ciblées de militants du PDCI et du PPA-CI ont été rapportées. Et, l’opposition y voit des « manœuvres pour semer la peur » avant le scrutin.
Prochaines étapes
– L’opposition menace d’intensifier les manifestations si ses revendications ne sont pas entendues. Et pendant ce temps, le RHDP (parti au pouvoir) campe sur sa position, estimant que Ouattara est « dans son droit constitutionnel ».
Pour la marche du jour, alors que le cortège se dispersait dans une ambiance déterminée mais pacifique, les slogans laissaient entrevoir l’impasse politique. Avec 8,7 millions d’électeurs inscrits et une opposition privée de ses figures de proue, la présidentielle semble s’annoncer comme un scrutin sans suspense. mais aux conséquences imprévisibles pour la stabilité du pays.
Siaminfos.com