Financement du développement dans le monde: le Premier ministre guinéen plaide pour la réforme effective de l’architecture financière internationale
Depuis le week-end dernier, l’Espagne abrite la 4e conférence internationale sur le financement des Objectifs du Développement Durable (ODD) des Nations Unies. La Guinée est représentée à cette conférence stratégique par son Premier ministre accompagné d’une forte délégation. Alors que le pays a été désigné comme l’un des vice-présidents de l’événement, le chef du gouvernent guinéen a prononcé un discours tout au moins fort.
Amadou Oury Bah, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a salué la «tenue de cette conférence majeure organisée dans un esprit de responsabilité collective à un moment de tensions profondes, d’urgences croisées et de promesses fragilisées. Alors que le déficit mondial de financement du développement se creuse dangereusement, nous devons redéfinir la solidarité internationale non pas comme un principe moral abstrait, mais comme une condition pragmatique de survie partagée. Le monde ne pourra faire face aux risques systémique qui s’accumulent, qu’il s’agisse du climat, de la dette, des conflits armés, de la sécurité alimentaire ou encore des fractures numériques, qu’en renouvelant profondément les bases du multilatéralisme en particulier financier. Notre région est déjà le symbole vivant de ce qui pourrait advenir si la solidarité tarde à se manifester. En effet, la crise sahélienne illustre à l’échelle de la planète les méfaits du changement climatique», alerte le patron du palais de la Colombe avant d’ajouter :
«La République de Guinée, pays en transformation, riche en ressources naturelles, mais vulnérable au choc climatique, économique et géopolitique, porte une voix singulière et légitime dans ces débats. Nous sommes convaincus que nous sommes confrontés à une équation complexe de répondre à des besoins sociaux urgents tout en assurant une transition économique compatible avec les objectifs mondiaux, en particulier ceux climatiques et économiques. C’est pourquoi nous appelons à des instruments de financements différenciés qui tiennent compte des réalités spécifiques des pays comme le nôtre. Une aide au développement qui ignore les efforts d’investissement vert ou les contraintes de vulnérabilité climatique n’est ni juste, ni inclusif encore moins efficace. La République de Guinée a engagé une transformation profonde de son économie en mobilisant des leviers nationaux, mais aussi en s’ouvrant à l’innovation financière, aux partenariats stratégiques et à des réformes courageuses dans la gouvernance des ressources publiques. Le programme Simandou à travers lequel nous articulons notre stratégie de diversification et de souveraineté productive, symbolise cette nouvelle ambition. Il ne s’agit pas simplement de bâtir une économie plus robuste, mais de fonder un modèle endogène et durable capable de créer des emplois, de générer des chaînes de valeur et de garantir l’accès aux services essentiels. Dans cette dynamique de transformation, la République de Guinée poursuit ses efforts pour préserver et valoriser son patrimoine naturel porteur d’enjeux économique et humain majeur pour la région. L’initiative d’inscrire le massif du Fouta Djallon au patrimoine mondial de l’UNESCO s’inscrit dans cette vision qui lie développement durable et coopération transfrontalière», a-t-il souligné.
Plus loin, le Premier ministre a indiqué que cette vision «traduit également notre volonté de renforcer la solidarité régionale notamment envers les pays enclavés du continent. Fidèle à son histoire d’ouverture et d’engagement aux côtés de ses voisins, la Guinée réaffirme sa disponibilité à soutenir les dynamiques d’intégration en mettant en contribution son territoire, ses infrastructures et ses ressources au servie du bien commun régional. A ces dires, nous devons aller au-delà des intentions. nous appelons à une réforme effective de l’architecture financière internationale, à un mécanisme équitable de traitement de la dette, à une coopération fiscale mondiale qui ne marginalise plus les pays du sud et à une approche de partenariat réel du financement du climat et du développement (…) La République ne vient pas demander un traitement d’exception, mais une reconnaissance des efforts engagés et des droits de chaque peuple à tracer sa voie vers la prospérité. Que la plate-forme de Séville ne soit pas simplement un document de plus mais un tournant concret dans la manière dont nous décidons ensemble de financer l’avenir que nous prétendons vouloir bâtir», a-t-il conclu.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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