La tension est montée d’un cran dans la matinée de ce 3 juin 2025, devant le siège de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC). Une foule de manifestants, composée des responsables et représentants des antennes régionales et du personnel de la direction centrale, a empêché le secrétaire exécutif Mohamed Bérété d’accéder à son bureau. Leur message est sans équivoque : ils réclament son départ immédiat.
Selon les protestataires, la situation s’est dégradée depuis l’arrivée de M. Bérété en avril 2024. Ils l’accusent de vouloir imposer un nouvel organigramme rejeté par une large majorité du personnel. Ce projet réduirait drastiquement les effectifs, passant de plus de 150 agents validés lors d’une retraite officielle à Kindia, à seulement 50 à 70 postes.
«Nous dénonçons une gestion unilatérale, sans concertation, et qui va à l’encontre des réformes antérieurement validées par les autorités compétentes, y compris la Présidence de la République », a déclaré Souleymane Sylla, directeur régional de Kindia.
En plus de la restructuration décriée, les travailleurs dénoncent une baisse salariale allant jusqu’à 65 %, en vigueur depuis août 2024. Une situation financière intenable, selon eux, pour des agents souvent endettés, et censés incarner l’intégrité dans la lutte anticorruption.
« Il n’y a pas un cadre de cette administration qui n’est pas endetté au niveau de la banque. Donc, au jour d’aujourd’hui, le personnel ne vit pas. Donc, sur ce, nous demandons le retour imminent de nos salaires à l’État initial ».
Parmi les revendications phares des manifestants figurent :
« Le retour aux salaires initiaux ; L’application immédiate de l’organigramme validé à Kindia ; La création d’un conseil d’orientation ou d’un conseil d’administration au sein de l’ANLC pour encadrer la gouvernance de l’institution ; Le respect du statut des agents contractuels, dont certains continuent à travailler sans contrat valide ni rémunération depuis mars 2025 ».
Les manifestants évoquent aussi un manquement à la déontologie : certains nouveaux cadres nommés n’auraient pas prêté serment, contrairement aux anciens agents, ce qui alimente davantage la frustration du personnel.
« Comment peut-on espérer lutter efficacement contre la corruption si les agents de l’organe même chargé de cette mission vivent dans la précarité, sont menacés et ignorés ? », s’est indigné Souleymane Sylla.
Informées de la situation, des délégations du Secrétariat général à la présidence sont venues à la rencontre des manifestants. Une documentation complète leur a été remise pour analyse. Les protestataires, pour l’heure, maintiennent un mot d’ordre de mobilisation pacifique dans l’attente d’un retour officiel.
Il n’y a aucune reprise des activités au sein de l’ANLC pour le moment. L’ensemble des directions régionales a suspendu ses missions et a rejoint Conakry pour soutenir le mouvement.
Bah Mohamed pour Siaminfos.com