Plainte contre Gal Doumbouya et Cie en France : « Face à des faits d’une telle gravité, ils ne peuvent pas rester impunis » (Me Brengarth)
Mardi, 22 juillet 2024, les épouses des responsables du FNDC détenus dans un lieu tenu secret depuis le 9 juillet dernier, ont saisi les juridictions françaises. En effet, une plainte a été déposée en France contre le chef de la junte guinéenne Mamadi Doumbouya et plusieurs dignitaires de son régime pour des chefs de « disparition forcée » de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah.
Dans la nuit de ce mardi, 23 juillet, l’un des avocats des deux activistes « enlevés » a pris la parole pour apporter des précisions par rapport à cette nouvelle démarche.
Me Vincent Brengarth, puisque c’est de lui qu’il s’agit, laisse entendre qu’ils n’ont pas encore les nouvelles de leurs clients.
« Malheureusement, nous restons sans nouvelles d’eux depuis maintenant le 9 juillet. Il y a également d’autres informations qui peuvent circuler, mais il est extrêmement difficile de pouvoir en obtenir la confirmation parce qu’on sait aussi que la junte peut être en capacité de diffuser des informations au président pour pouvoir maintenir le mépris dans lequel aujourd’hui elle se trouve aujourd’hui à l’égard des demandes que nous faisons. L’ensemble des éléments que nous avons aujourd’hui démontrent qu’ils ont été enlevés par les forces spéciales […], aussi bien des témoignages des personnes qui ont assisté à leur arrestation que du témoignage de la troisième personne qui était arrêtée qui est Mohamed Cissé. Par conséquent, vous avez un enlèvement qui est opéré par les forces étatiques et qui, par conséquent, caractérise le chef de disparition forcée qui tombe sur le coup de la loi pénale. Aujourd’hui, vous avez véritablement un déni de la part des autorités qui refusent de reconnaître leurs responsabilités dans cette arrestation à partir du moment où pour autant vous avez un ensemble de témoignages qui permettent de se convaincre. C’est pour cela il y a une caractérisation de la disparition forcée qui fonde aujourd’hui la compétence des juridictions françaises […]. On sait aussi que les juridictions françaises peuvent être compétentes en vertu du principe qui est lié à la compétence universitaire qui est valable dans le cadre des crimes les plus graves dont celui de la disparition forcée », a-t-il dénoncé avant de regretter la communication du procureur général près la Cour d’appel de Conakry sur cette affaire:
« C’est une communication qui ne vient qu’accroître l’angoisse des familles parce que la question que tout le monde se pose est issue de cette prise de parole de la part du procureur général. Où sont-ils détenus ? Dans quel état sont-ils ? Ça soulève vraiment des interrogations qui sont autant de préoccupations qui amènent aujourd’hui la nécessité que les investigations puissent être faites le plus rapidement possible et surtout que les autorités guinéennes entendent les demandes qui leur sont formulées, à savoir de libérer immédiatement ces deux activistes », a-t-il martelé.
La France va-t-elle accéder à cette pliante des avocats du FNDC ? Impossible de donner une réponse pour le moment, même si Me Vincent Brengarth reste optimiste.
« Je pense que la France donnera suite à notre plainte parce que vous avez un ensemble d’éléments qui permettent de démontrer que Mamadi Doumbouya est de nationalité française, vous avez également des personnes de nationalité française qui ont pu intervenir, qui peuvent être mises en cause ou apporter leurs témoignages. Et face à des faits d’une telle gravité, ils ne peuvent pas rester impunis. Il était impensable qu’on se tourne vers les juridictions guinéennes compte tenu du manque d’indépendance sur des questions aussi politiques que sur des questions aussi sensibles. Si aujourd’hui les juridictions françaises n’interviennent pas, ça créera une difficulté pour pouvoir obtenir justice. Bien évidemment d’autres initiatives sont en cours, mais nous avons bon espoir qu’une enquête préliminaire puisse être diligentée. Nous avons véritablement entrepris toutes les démarches. Deux initiatives sont actuellement en cours de réflexion. Nous avons notamment écrit une lettre à Emmanuel Macron pour lui demander de se rapprocher de son homologue pour obtenir toutes les explications sur l’endroit où se trouvent aujourd’hui ces deux activistes. Nous avons également écrit au procureur de la Cour pénale internationale pour lui dire que malheureusement ça rentre dans le prolongement de ce que nous avons déjà dénoncé parce que vous avez une dérive dictatoriale qui est à l’œuvre maintenant depuis plusieurs mois », a-t-il indiqué avant de conclure :
« Je rappelle que les ONG documentent 47 morts depuis l’arrivée de la junte au pouvoir dans le cadre de la répression des manifestations. On sait que vous avez des médias indépendants qui ont été fermés. Aujourd’hui, l’enlèvement de ces deux activistes pour lesquels nous exprimons nos plus vives inquiétudes et pour lesquels nous redemandons de façon extrêmement solennelle, de façon extrêmement ferme, à ce qu’ils puissent être remis en liberté. Nous irons jusqu’au de toutes les démarches que nous pourrons accomplir. Nous n’avons pas à ce stade obtenu une réponse [du président français] qui a été saisi par le passé notamment sur les questions de partenariat militaire avec la Guinée. Nous avions obtenu une réponse. Donc, nous avons espoir de pouvoir en recevoir une au regard de la gravité des faits et du fait qu’il existe un lien entre la Guinée et la France. En vertu de ces relations diplomatiques, ça serait le minimum au regard des graves atteintes aux libertés fondamentales des activistes, qu’il y ait un minimum d’explication parce que tout le monde est dans l’attente de ces explications », a-t-il martelé chez nos confrères de France 24.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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