Boké: immersion dans le difficile quotidien des paysans du district de Bofeto qui vivent une période de récolte de riz actuellement
Situé à plus de 40 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Boké, Bofeto est l’un des 16 districts de la sous-préfecture de Kolaboui, où les habitants ont pour principale activité l’agriculture, la pêche et l’extraction de l’huile de palme. Dans cette zone rurale à forte densité humaine, c’est la période de récolte qui démarre pour les paysans en ce mois de novembre. Dès l’aube, les plaines rizicoles sont prises d’assaut pour la récolte de riz. Et alors que le soleil brûle d’aplomb, les villageois rivalisent d’ardeur et chacun s’y met pour finir à temps au compte de cette dernière ligne droite.
Dans ces plaines rizicoles à perte de vue, la récolte est manuelle, et c’est à travers la faucille. Une méthode très lente et laborieuse pour les agriculteurs, qui disent souffrir le martyre.
« Nous évoluons dans ce champ de riz depuis plusieurs années et nous vivons grâce à l’agriculture. Mais ces dernières années, on ne gagne pas beaucoup. Ici, il n’y a aucune machine, on fait tout par la main. D’ailleurs, c’est ce qui nous freine. Les différentes campagnes agricoles qu’on entend par-ci par-là, nous n’en bénéficions jamais », a dit- Youcouba Camara, agriculteur.
Jusque tard le soir, c’est la même ambiance qui domine dans cette même plaine de Bofeto, où notre correspondant a rencontré Ismaël Bangoura. Le sexagénaire a un hectare qu’il met en valeur depuis plusieurs années maintenant. Mais, dit-il, il reste confronté à un autre problème:
« La maîtrise de l’eau est l’une des principales raisons qui affectent nos rendements, nous les paysans d’ici. Les digues qui doivent canaliser l’eau ne tiennent plus et l’eau salée entre et sort en abondance. Ce qui fait que le rendement ne fait que baisser. Je vous assure que si on nous aide à maîtriser le mouvement de l’eau à travers la construction des vannes solides, la donne va changer », assure-t-il.
Au-delà de l’envahissement de cette vaste plaine rizicole par les eaux, la divagation des animaux est à la base de nombreux conflits entre éleveurs et agriculteurs dans cette localité. Chose qui occasionne parfois d’énormes pertes chez les agriculteurs, ajoute Moussa Camara.
«Nous souffrons beaucoup à cause des éleveurs parce que nous sommes obligés de surveiller quotidiennement nos champs pour éviter que leurs troupeaux ne les détruisent. Malgré tout, les bœufs viennent nuitamment parfois causer d’énormes pertes. Ils sont parfois un peu négligents dans la surveillance. Pourtant, nous aussi, nous vivons de ça. Et s’ils gâtent tout, comment allons-nous vivre avec nos familles », s’est-il plaint.
Les agriculteurs de Bofeto n’ont qu’une seule machine moissonneuse-batteuse. Aujourd’hui, ils disent avoir plus que jamais besoin d’aide et d’accompagnement de la part de l’État pour mieux lutter contre l’insécurité alimentaire.
Boké, Bailo Bah pour Siamifos.com.