Moussa Mara, un Premier ministre du Mali pendant huit mois en 2014-2015, incarcéré depuis le 1er août 2025, a comparu ce lundi devant le tribunal de lutte contre la cybercriminalité de Bamako, où le parquet a requis 24 mois de prison à son encontre. Les juges l’accusent « d’atteinte au crédit de l’État » et « d’opposition à l’autorité légitime » après la publication d’un message de soutien à des prisonniers politiques sur les réseaux sociaux.
La procédure judiciaire trouve son origine dans une publication sur le réseau social X (anciennement Twitter) datant du 4 juillet 2025. L’ancien chef du gouvernement y avait exprimé sa « solidarité indéfectible avec les détenus d’opinion », affirmant les visiter « régulièrement ».
Parmi les personnes mentionnées figuraient plusieurs figures critiques de la junte au pouvoir, dont Youssouf Bathily (alias Ras Bath), Adama Diarra (alias Ben le Cerveau), Issa Kaou Djim et Clément Dembélé. Le message se concluait par une formule métaphorique : « Aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira évidemment par apparaître! ».
Lors de l’audience d’aujourd’hui, sa demande de liberté provisoire a été rejetée avant le début des débats sur le fond de l’affaire. La défense a plaidé la relaxe, estimant que le tweet incriminé ne constituait « aucune infraction » et invoquant la liberté d’expression. « Nous nous remettons à la sagesse de la cour pour ne pas suivre le parquet », a-t-il déclaré à l’issue des débats.
Le verdict définitif est attendu pour le 27 octobre 2025. Ce procès intervient dans un contexte où les autorités de transition maliennes accordent au général Goïta un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection.
Le Mali est dirigé par une junte militaire depuis les coups d’État de 2020 et 2021. Le régime, dirigé par le général Assimi Goïta, a pris diverses mesures répressives contre la presse et les voix critiques, et a dissous les partis politiques ainsi que les organisations à caractère politique.
La détention de Moussa Mara a provoqué une vague de réactions sans précédent, tant au Mali qu’au-delà de ses frontières.
Bah Mohamed pour Siaminfos.com