Gestion des ordures à Matoto: ces révélations d’un acteur de l’assainissement qui accablent le maire Mamadouba Tos Camara
Les premières pluies annoncent rarement de bonnes nouvelles à Conakry. Après le passage des premières gouttes, la capitale commence déjà à changer de visage. Des inondations provoquées par les ordures ça et là dans les rues et sur les places publiques, telle est l’image que présente actuellement la capitale guinéenne.
Chose dont de nombreux observateurs imputent la responsabilité aux PME de pré-collecte des déchets.
Rencontré par un de nos reporters ce jeudi, 25 mai 2023 au lendemain d’une nuit pluvieuse, le président de la coordination nationale des acteurs d’assainissement de Guinée y a rejeté cette accusation. Dans cet entretien, Sékou Keïta, a sollicité que l’agence nationale de la salubrité publique s’occupe du curage des caniveaux pour éviter le débordement de l’eau.
» Aujourd’hui, l’assainissement a beaucoup de parrains, c’est ça le problème. Dès que les pluies s’annoncent, les travaux publics lancent leur appel d’offre avec d’autres PME qui ne sont pas dans l’assainissement pour le curage des caniveaux. Et quand les caniveaux sont curés, les déchets sont abandonnés le long des routes. Et en cas de grandes pluies, ce sont ces déchets qui bloquent la route et provoquent des inondations dans les quartiers. Nous acteurs d’assainissement, c’est notre travail, c’est ce que nous faisons quotidiennement, que ce soit la saison pluvieuse ou sèche.
Pour trouver la solution à ce problème, le curage des caniveaux doit être confié à l’Agence nationale de la salubrité publique et non au ministère des travaux publics. Si on confie le curage des caniveaux aux PME de pré-collecte via l’ANASP, je pense qu’il n’y aura pas ce problème. Nous ne sommes pas responsables de cela mais tout le monde pense que ce sont les PME de pré-collecte qui déposent les ordures ou bien les PME de pré-collecte ne travaillent pas dans les quartiers.
Ensuite, il faut l’implication des Mairies qui, je peux dire aujourd’hui, ont fui leurs responsabilités. Il ne s’agit pas de contractualiser seulement une PME de pré-collecte, dans le cahier de charge, la commune doit jouer beaucoup de rôles qu’elle ne joue pas à date. La commune doit accompagner les PME dans l’abonnement, prendre une décision rendant l’abonnement obligatoire, créér un service de répression contre les ménages réfractaires « , suggère Sékou Keïta avant d’ajouter:
» Nous sommes confrontés à d’énormes difficultés. Je prends l’exemple sur la commune de Matoto qui aujourd’hui, lance un appel d’offre sur la gestion des Zones de Transit et de Tri des déchets, tout en ignorant les PME de pré-collecte. Ils ont écrit noir sur blanc dans l’appel d’offre qu’aucune PME contractante ne peut soumissionner dans le cadre de la gestion d’une Zone de Transit et de Tri des déchets. Ils veulent passer des contracts gré à gré à des cousins, amis, petits frères pour nous fatiguer. Nous leur avons proposé, si y a pas de confiance, qu’on mette une équipe mixte ( PME-Commune ) pour la gestion des ZTT, pour une question de transparence.
Sur la ZTT de Sangoya, après sa construction sans appel d’offre, le maire de la commune de Matoto a parachuté un de ses proches pour la gestion de la ZTT. Le monsieur pouvait venir à 9h,10h alors que le transfert des déchets commence à 6 heures. Si il ne vient qu’à 9h,10h, ça veut dire qu’on est bloqués dans le travail. C’est le même système qu’il veut envoyer encore et je vois la mairie de Ratoma emboîter le pas, nous rencontrons assez de difficultés », a indiqué le président de la coordination nationale des acteurs d’assainissement de Guinée.
Ibrahima CAMARA pour siaminfos.com