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Nombre de passagers imposé aux conducteurs de tricycles : les concernés restent partagés entre amertume et désespoir

La décision est tombée ce lundi, 27 mars 2023, à travers un communiqué du Ministère des Transports dont notre rédaction détient copie. Dorénavant, les conducteurs de tricycles sont interdits de prendre plus de 3 passagers. Quant aux conducteurs de motos-taxis, les deux occupants doivent porter un casque. Interrogés par notre rédaction ce mardi, 28 mars 2023, les concernés regrettent la décision, et restent partagés entre amertume et désespoir.

Après 13 ans passés en aventure, Ousmane Diallo a décidé de revenir au bercail. Pour joindre les deux bouts, il s’est lancé dans la conduite des tricycles. Il dit déplorer la décision prise par le Ministère des Transports :

« Nous savons que les tricycles sont menacés à Conakry, il y a des diplômés parmi nous. Quand je prends par exemple trois personnes derrière, d’ici Lanbangni, ça va faire 22 500 GNF. Je dois verser la recette de 100 000 GNF par jour, est-ce que je vais m’en sortir ? L’État doit trouver une solution pour ça, je ne peux pas prendre seulement trois passagers de Dixinn jusqu’à la T7 ou Lanbangni. L’Etat doit revenir sur sa décision parce qu’on ne pourra pas s’en sortir. Nous pratiquons cette action parce que nous n’avons pas le choix, il y a des diplômés parmi nous. J’ai fait 13 ans d’aventure. Comme ça n’a pas marché ailleurs, j’ai décidé de revenir dans mon pays pour exercer une activité. Et voilà ce qui m’arrive, je préfère repartir », s’est-il lamenté.

C’est le même son de cloche chez Ramadan Diallo, conducteur de tricycle. Pour lui, il s’agit d’une décision impopulaire :

« Actuellement, en Guinée, l’Etat ne veut pas voir les tricycles dans la circulation. Nous pratiquons cette activité parce qu’on n’a pas un autre travail où on peut gagner notre vie. Quand vous quittez ici pour aller à la T7, il vous faut 3 litres pour un aller-retour, ce qui fait 36 000 GNF, ça sera un gâchis pour le conducteur. Quand je suis revenu en Guinée, je me suis dit que ce n’est pas la peine de repartir à l’extérieur. A mon retour du Maroc, avec les moyens financiers mis à ma disposition par OIM (Organisation internationale pour la migration ndlr), j’ai acheté deux tricycles, depuis lors je me débrouille avec ça. Avec cette interdiction, beaucoup de jeunes vont fuir cette activité. Aujourd’hui, il n’y a pas un secteur plus convoité que celui-ci. Si nous arrêtons de conduire ces tricycles pendant un, deux ou trois jours, les gens vont sentir notre importance. Ceux qui n’ont pas été à l’école, ce sont eux qui conduisent mal. Ce n’est pas normal de prendre une décision contre nous à cause d’eux. Avec cette décision, je préfère revendre mes tricycles et aller chercher un autre travail », a-t-il déploré.

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Pour ce qui est des motards, ils trouvent que la décision ne leur concerne pas. Cependant, le nombre de passagers imposé par les autorités passe mal chez eux :

« Je trouve la décision salutaire, mais s’il y a un suivi derrière. Si un conducteur porte un casque, ça le met à l’abri du danger (…) De Yimbayah à Bénarès, c’est distant. Le passager nous paye 4 000 GNF comme frais de transport. Si je prends un seul passager derrière, ça sera une perte pour moi. Le prix du carburant, on n’en parle même pas », a fait savoir Kalil.

Quant à Doumbouya, motard également, l’Etat doit tenir compte des exceptions :

« Normalement, le conducteur et son passager doivent porter le casque pour leur propre sécurité. Mais, dire qu’on ne doit pas transporter deux passages, c’est difficile. Sur l’autoroute, on peut comprendre. Qu’ils nous laissent quand même transporter plus d’un passager dans les quartiers. Ce n’est pas pour ne rien que nous pratiquons cette activité, c’est pour subvenir à nos besoins. Parmi nous, il y a des diplômés et des non diplômés. Au lieu de rester à la maison à ne rien faire, en quémandant, nous avons jugé nécessaire de pratiquer cette activité. Le gouvernement doit plutôt nous aider à avoir un travail décent », nous-a-t-il confié.

Par ailleurs, la plupart d’entre eux invitent le pouvoir de Conakry à sensibiliser les conducteurs des motos et tricycles, au lieu de prendre des décisions « impopulaires ».

 

 

Mohamed Lamine Souaré pour siaminfos.com

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