Une semaine après la publication de l’avant-projet de la nouvelle constitution par le Conseil national de la transition (CNT), les débats se poursuivent au sein de l’opinion nationale. Cet avant-projet, avec des innovations comme la candidature unique, divise des observateurs. Si d’aucuns saluent le contenu de ces 205 articles, d’autres par contre restent sur leur faim, quant à certains points. C’est le cas de Youssouf Camara, qui était l’invité de l’émission « Le Scanner » de Cavi médias ce lundi, 5 août 2024.
Dans un exposé digne d’un film, le secrétaire fédéral de l’UFDG à Matam 2, a décelé quelques « manquements » que comporte la mouture de cette loi spéciale.
«Il y a assez de différences entre la constitution de 2010 et cet avant-projet. Par exemple, en ce qui concerne les prérogatives du Premier ministre, la constitution de 2010 stipule qu’avant la nomination du gouvernement, il faut décliner la structure gouvernementale. Cela permettrait de voir clairement et techniquement quelles sont les priorités du futur gouvernement. Cela n’a pas été pris en compte. Le Premier ministre n’est pas considéré comme un véritable acteur du dialogue social et politique. Dans un pays en crise comme le nôtre, il est essentiel que le Premier ministre, en tant que chef du gouvernement, puisse déléguer ses pouvoirs à un ministre de la République, qu’il s’agisse du ministre de l’Administration du Territoire pour des questions politiques, ou du ministre du Travail et de la Fonction publique pour des questions sociales ou de revendications. C’est un aspect crucial », dit-il avant d’ajouter:
« En ce qui concerne le régime, nous n’aurions pas dû continuer à utiliser un régime hyper-présidentiel depuis 65 ans. Le principe de séparation des pouvoirs a été ignoré, avec un président de la République dominant toutes les institutions. Ce qui est risqué et peut mener à des blocages. Au moins, ils auraient pu innover en adoptant un régime semi-présidentiel, permettant à un chef de gouvernement d’être majoritaire à l’Assemblée nationale.
Concernant la déclaration des biens, pendant plus de 10 ans, nous avons constaté que les hauts cadres dilapidaient les fonds publics. La constitution de 2010 exigeait la déclaration des biens du président, du Premier ministre, des membres du gouvernement, des responsables des régies financières, des impôts, de la douane, ainsi que du gouverneur de la Banque centrale et du Trésor. La nouvelle constitution n’exige la déclaration des biens qu’au président élu, exemptant ainsi les autres membres du gouvernement et les responsables des régies financières. Ce qui pose problème. Pour garantir la transparence, il est crucial que la déclaration des biens soit exigée à tous les responsables.
Enfin, en ce qui concerne les droits de l’homme, nous avons constaté que la plupart des violations sont commises par l’État, à travers les forces de sécurité, les bavures policières, et les arrestations. L’INIDH (Institution national Indépendante des Droits de l’Homme) qui avait un rôle crucial de contre-pouvoir pour dénoncer les violations des droits de l’homme, a été supprimée. Il est contradictoire que l’État soit à la fois auteur et défenseur des droits de l’homme», a-t-il martelé.
Ibrahima CAMARA pour siaminfos.com
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