La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a entendu ce lundi les demandes du procureur, qui a requis cinq ans de prison ferme contre l’ex Premier ministre guinéen Dr Ibrahima Kassory Fofana pour détournement de fonds publics et enrichissement illicite. Cependant, la séance a été marquée par une réaction forte de la défense, qui a refusé de plaider, dénonçant une justice biaisée et politique, visant leur client.
À l’issue de l’audience, Me Sidiki Bérété, l’un des avocats de Kassory, a dénoncé cette procédure qui selon lui, est une manœuvre politique visant à éliminer un adversaire de poids sur la scène politique guinéenne.
«Nous ne croyons pas en la CRIEF, c’est une justice au service des hommes du coup d’Etat», a déclaré Me Bérété.
Il a ajouté que les accusations de détournement de fonds, notamment les 15 milliards de francs guinéens, sont sans fondement. Selon l’avocat, ces fonds sont liés au programme MAMRI, une initiative que Kassory Fofana n’aurait pas gérée. Il a également évoqué des incohérences dans l’enquête, citant notamment le transfert de trois milliards de francs guinéens au fonds ANIES.
En réponse aux accusations de manipulation, le procureur spécial près la CRIEF, Aly Touré, a défendu les réquisitions de son parquet. Selon lui, les faits reprochés à l’ex-Premier ministre, à savoir le détournement de fonds publics, l’enrichissement illicite et le blanchiment de capitaux, sont graves et justifient la peine requise.
«En tant que magistrats du parquet, notre rôle est d’appliquer la loi. Les faits reprochés à M. Kassory sont suffisamment graves pour justifier la réquisition», a affirmé Aly Touré. Il a souligné que la législation guinéenne ne permet pas le cumul des infractions. Ce qui explique la peine relativement modérée de cinq ans. «Si le cumul des infractions était permis, la peine pourrait atteindre 50 ans », a-t-il ajouté.
Le procureur a également précisé que la loi permet de juger un individu en son absence, surtout lorsqu’il refuse de comparaître. Cette absence, selon lui, ne fait que raccourcir le procès.
La décision de la chambre de jugement est attendue le 13 février prochain. Ce qui pourrait permettre au dernier Premier ministre sous le défunt régime d’Alpha Condé d’être situé sur son sort. Mais en attendant, ses avocats qui disent haut que le Droit ne sera pas dit dans cette affaire, comptent relever appel de la décision que rendra la Cour.
BAH Mohamed pour Siaminfos.com