Conakry : immersion dans l’enfer des conducteurs de motos et tricycles, victimes de ‘’raquettes’’ policières
A Conakry tout comme à mains endroits du pays, les policiers et les conducteurs de motos et tricycles se regardent souvent en chien défaillance, dans la circulation. Interrogés par notre rédaction ce mardi, 28 mars 2023, ils sont nombreux ces conducteurs qui se plaignent de raquettes policières. Visiblement dépassés, ils ont décrit leur calvaire de tous les jours.
Ramadan Diallo, conducteur de tricycle, ne sait plus à quel saint se vouer. A l’écouter, payer une amande est devenu une monnaie courante pour lui :
« L’État ne nous protège pas face aux policiers. Actuellement, quand un policier t’attrape, tu as raison ou pas, il te dit de payer 110 000 GNF ou il t’envoie à la fourrière où tu vas payer 300 000 GNF. Un jour, j’avais un déplacement, j’étais obligé de remettre tout mon argent aux policiers, je suis rentré à la maison sans aucun sous », fait-il savoir avant de poursuivre :
« Ils nous font des pièges aujourd’hui, ils occasionnent que nous garons mal nos tricycles. Il y a les endroits où les policiers sont censés réglementer la circulation, mais ils ne le font pas. Par exemple, à Fossidè, quand le Premier ministre doit sortir, les policiers feront tout pour qu’il n’y ait pas l’embouteillage. Mais si le commandant veut que l’argent rentre dans les caisses, ils vont occasionner l’embouteillage, il y aura donc l’infraction. Et quand il y a l’infraction, l’État aura beaucoup d’argent. Nous sommes des Guinéens comme eux », a-t-il rappelé.
Comme Ramadan Diallo, Ousmane Diallo est dans la même situation. Après avoir passé 13 ans à l’extérieur du pays à la recherche de l’Eldorado sans succès, il a décidé de rejoindre le bercail. Conducteur de tricycle également, il affirme être victime souvent de raquettes policières :
« L’autre fois, on m’a pris à la T7, j’ai payé 200 000 GNF. Pourtant, mon tricycle était bien garé le temps pour le syndicat de me vendre un billet. C’est en ce moment que le commissaire a dit à un agent de monter dans mon tricycle. De 9h à 16h, j’étais au commissariat. Finalement, j’étais obligé de payer 200 000 GNF. Il m’a montré des reçus de 100 000 GNF, 200 000 GNF, 300 000 GNF jusqu’à 500 000 GNF. Il m’a dit que c’est à moi de décider », révèle-t-il.
Par ailleurs, les motards dénoncent également les raquettes policières. C’est le cas notamment de Kalil, qui reste aujourd’hui irrité :
« En Guinée, il y a de nombreux policiers qui manquent de patience. Il y a des policiers, même s’ils te voient transporter un passager, ils peuvent de poursuivre pour mettre main sur ta moto brusquement. Alors qu’ils sont censés protéger les citoyens, mais s’ils se comportent ainsi dans la circulation, c’est pour occasionner ta mort. Ils peuvent te voir dans la circulation avec un casque et une paire de chaussures fermées, comme le recommande la loi, et saisir la clé de ta moto. Les policiers doivent prendre conscience, car les citoyens leur accordent du respect à cause de la tenue qu’ils portent », indique-t-il avant que Doumbouya ne renchérisse :
« L’État doit éduquer les policiers pour qu’ils sachent le rôle qu’ils doivent jouer dans la circulation. Ils sont capables de surgir en pleine circulation et arrêter un motard. Si cela coïncide avec l’arrivée d’un véhicule qui n’a pas de frein, quelque chose de mal pourrait arriver au motard. Et si le motard se blesse par exemple, ils saisissent la moto et l’envoient à la fourrière sans pour autant prendre soin de ce dernier qui s’est blessé, c’est vraiment déplorable », nous-a-t-il confié.
Mohamed Lamine Souaré pour siaminfos.com