Des boursiers guinéens dans une situation qui frôle la précarité au Maroc ? « Certains risquent d’abandonner ou de redoubler l’année académique »
Au Maroc, la situation semble infernale pour les étudiants et élèves boursiers de la Guinée. Selon nos informations, cela fait plusieurs mois qu’ils ne sont pas entrés en possession de leur bourse d’entretien. Une situation qui les exposerait à une précarité sans précédent. Selon leur président, on peut même parfois retrouver dix étudiants qui partagent une chambrette, et qui arrivent difficilement à trouver à manger.
Interrogé ce samedi, 3 août 2024 par Siaminfos.com, Ousmane Barry,Président de l’Association des Stagiaires, Étudiants et Élèves guinéens au Maroc (ASEGUIM), est revenu sur le calvaire que lui et ses collègues traversent depuis maintenant onze mois.
« Les étudiants en général, et les nouveaux boursiers en particulier n’ayant pas perçu leurs bourses depuis onze (11) mois, rencontrent d’énormes difficultés à subvenir à leurs besoins fondamentaux. Il s’agit notamment de trouver à manger, payer le loyer et les factures (eau, électricité, internet…), l’achat des fournitures scolaires, frais de transport. A cela, s’ajoutent la chute de la productivité et performance académique, frais médicaux, impossibilité de participer aux activités para-universitaires », dit-il d’entrée.
Poursuivant, notre interlocuteur a fait savoir que certains dans cette situation qui frôle l’extrême précarité avec un taux d’endettement élevé, risquent « d’abandonner l’école ou de redoubler l’année académique. Je me permets de vous informer également, suivant le calendrier de paiement, que les étudiants ont pris leurs dernières bourses de l’AMCI (Juillet-Aout) en mi-juin, ils sont ainsi sans aucune source de revenus », dit-il.
Ousmane Barry, inquiet de la taille énorme de cette situation, lance un appel aux autorités guinéennes, afin d’agir d’urgence pour éviter le pire.
« Je demande aux autorités de débloquer la situation, d’envoyer la bourse ! De savoir que la majeure partie de ces boursiers sont issus de familles modestes, c’est leur avenir qui est en danger. C’est un sentiment de honte et de frustration de voir que parmi plus de 40 nationalités africaines au Maroc, chaque année, il faut que l’étudiant guinéen grève pour recevoir sa bourse. Ce n’est pas par gaieté de cœur que nous le faisons. C’est une humiliation et une atteinte à l’image du pays qui ne rend fier aucun d’entre nous », a-t-il indiqué avant de renchérir:
« Veuillez rappeler au Chef de l’Etat que la promotion de l’excellence et l’amélioration des conditions de vie et de formation des étudiants guinéens, en général et des Lauréats-boursiers en particulier, occupent une place de choix dans les objectifs phares de la Transition en cours dans notre pays.
Nous remercions le Chef de l’Etat d’avoir doublé nos compléments de bourse, mais le retard du paiement des bourses jette à l’eau ce geste salutaire et salvateur. Notre bien-être est menacé », a-t-il conclu.
Bah Mohamed pour Siaminfos.com