Grâce accordée à Dadis: « Nous demandons au président de faire preuve de la même clémence pour tous les autres accusés »
A travers un décret lu à la télévision nationale vendredi, le président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, a accordé la grâce au capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la transition en Guinée entre 2008 et 2009. Cette clémence qui a été accordée en raison de l’état de santé de l’ex-chef de la transition suscite une réaction du côté des avocats des autres accusés dans le procès des évènements du 28 septembre 2009.
Me Lancinet Sylla, avocat de Toumba Diakité, un autre condamné dans cette affaire, a exprimé une réaction mesurée et ferme, suite à la décision présidentielle.
L’avocat a souligné que la grâce présidentielle est un droit accordé au président, mais il a aussi mis en lumière des questions d’équité et de justice. Selon lui, bien que la grâce soit un droit, elle ne devrait pas être appliquée de manière sélective. « Le droit de grâce est un droit reconnu par le Code pénal et le Code de procédure pénale. Le président de la République a le droit d’accorder une grâce, mais cela ne peut se faire sans prendre en compte les règles d’équité, surtout lorsqu’un jugement n’est pas encore définitif », a déclaré Me Sylla.
L’avocat a précisé que le jugement concernant les condamnations des accusés du procès du 28 septembre, dont Moussa Dadis Camara, fait encore l’objet de recours en appel.
« La décision n’est donc pas définitive. Si le président accorde la grâce à un seul accusé, cela devrait s’appliquer à tous les autres condamnés dans ce procès », a-t-il ajouté.
Me Sylla a insisté sur le fait que la grâce présidentielle accordée à Dadis Camara devait être étendue à tous les autres accusés qui se trouvent dans des conditions similaires, notamment Toumba Diakité. L’avocat a fait valoir que l’équité et la justice requièrent que tous les accusés bénéficient des mêmes mesures de clémence, particulièrement ceux souffrant de problèmes de santé graves.
« Nous demandons au président de faire preuve de la même clémence pour tous les autres accusés. Notre client, Toumba Diakité, souffre d’une pathologie bien connue depuis huit ans, l’hernie de la ligne blanche, qui est une maladie d’origine carcérale », a-t-il expliqué.
Me Sylla a également évoqué le cas d’autres condamnés, comme Claude Pivi, également malade, soulignant que si la raison principale de la grâce pour Dadis est la santé, alors la même logique devrait s’appliquer aux autres détenus malades. « Si l’état de santé a justifié la grâce pour Moussa Dadis Camara, il serait injuste que la même mesure ne soit pas accordée à d’autres condamnés, dont notre client Toumba Diakité », a-t-il conclu.
L’avocat estime que la réconciliation nationale, un principe fondamental pour la Guinée après les événements tragiques du 28 septembre 2009, ne peut être réalisée que si tous les accusés sont traités de manière équitable.
« Si nous voulons que la réconciliation soit réelle et effective, elle ne doit pas être fondée sur des actions sélectives. Tous les accusés doivent bénéficier des mêmes traitements », a déclaré Me Sylla.
Bah Mohamed pour Siaminfos.com