Nouvelle grève des enseignants : un syndicaliste met en garde contre un « calendrier risqué » en période électorale
L’intersyndicale de l’éducation (SNE-FSPE) a annoncé la relance de son mot d’ordre de grève à partir du 5 janvier 2026, une décision qui suscite des divisions au sein de la profession. Cette reprise de la mobilisation fait suite à l’échec des négociations avec le gouvernement. Les syndicats réclament notamment la signature du statut particulier des enseignants, l’intégration des contractuels communaux et de la zone spéciale de Conakry dans la fonction publique, ainsi que le déblocage des salaires impayés. Une première grève avait été suspendue pour permettre le dialogue, mais les organisations syndicales dénoncent aujourd’hui l’immobilisme des autorités.
La nouvelle date choisie, juste après l’élection présidentielle du 28 décembre, est vivement critiquée par certains acteurs du secteur. N’valy Condé, consultant international en éducation et secrétaire général adjoint du Syndicat national des enseignants de Guinée (SNEG), estime qu’il s’agit d’une « erreur d’analyse et de jugement ».
« La grève est un droit fondamental et légitime. Mais un droit, pour être efficace et respecté, doit être exercé avec discernement et sens élevé de la responsabilité collective », a-t-il déclaré.
Pour N’valy Condé, le contexte national immédiatement post-électoral rend toute action de ce type périlleuse. Il souligne que la nation se trouve dans une phase délicate d’attente des résultats officiels, où les tensions peuvent être latentes.
« Dans un tel climat, chaque parole publique, chaque action collective peut être mal comprise, récupérée ou détournée de son sens initial », a-t-il expliqué, plaidant pour le calme et la retenue jusqu’à la proclamation des résultats, une « sagesse politique et sociale » selon lui.
Il craint qu’une grève lancée à ce moment précis ne fragilise inutilement l’école guinéenne et ne discrédite la cause enseignante en la faisant passer pour une manœuvre politique.
« Déclencher une grève juste après le vote ne relève ni d’une stratégie syndicale efficace ni d’une maturité citoyenne assumée. […] La priorité absolue en cette période doit être la préservation de la paix sociale », a-t-il insisté.
Le syndicaliste précise que son appel à la prudence n’est en aucun cas un renoncement à la lutte. Il invite plutôt les camarades du SNE et de la FSPE à distinguer les moments de mobilisation des moments de prudence.
« Un syndicalisme responsable sait que la force d’une revendication tient autant à sa légitimité qu’à son opportunité », a-t-il conseillé, appelant à protéger l’école et à éviter de mêler les revendications professionnelles aux tensions politiques.
Cet avertissement intervient dans un paysage syndical de l’éducation déjà marqué par des divisions, notamment depuis la signature d’un protocole d’accord entre le gouvernement et le SLECG, l’autre grande centrale du secteur.
Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com
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