Le secrétaire général du syndicat national de l’éducation, dit avoir été surpris d’apprendre que certains élèves de Conakry, notamment ceux du primaire, seraient victimes de racket de la part de leurs institutrices en général. Et loin de toute prétention à vouloir nier ces faits qui existent certes, ce syndicaliste estime que ce sont des actes isolés qui ne méritent pas dit-il d’être élargis à l’ensemble du corps enseignant.
Michel Pépé Balamou, condamne l’extrapolation de la chose sans tenir compte des raisons de la commission des faits.
« Il ne s’agit pas de dire que les enseignants rackettent les élèves et d’autres personnes, mais de comprendre la commission de certains actes. Je ne fais pas l’apologie de ces rackets, je ne fais pas l’apologie des anti valeurs, mais je dis simplement qu’aujourd’hui, le métier d’enseignant est désacralisé, dévalorisé. Ce n’est plus un rêve, et la société a une vision négationniste et réductrice de l’enseignant, qu’on place dans une position de misère. Un mendiant est quelqu’un qui se trouve au bas de l’échelle sociale et qui ne vit que dans la mendicité. C’est cette caricature, ces stéréotypes et ces préjugés qu’il faut éviter. Car c’est de l’enseignant que viennent les présidents, les ministres, les ambassadeurs et tous les hauts fonctionnaires de l’État. L’enseignant mérite donc respect et considération.
Nous ne pouvons pas rémunérer un enseignant, car ce qu’il transmet comme savoir permet à la nation de se développer », a-t-il rappelé d’entrée, avant de pointer du doigt les conditions de vie précaires que mènent ces enseignants.
« Alors, que se passe-t-il si l’on prend l’exemple des enseignants intérimaires, du directeur d’établissement, un enseignant intérimaire qui ne reçoit que 40 000 francs de prime par mois. Étant donné que l’argent est distribué partout, il doit nettoyer les toilettes, ranger les tables, parfois même mettre la main à la poche pour acheter de la craie, et même du papier pour dresser la liste des candidats ou pour afficher les résultats. Aujourd’hui, les prêts bancaires absorbent plus de 80 % de leur salaire. Du coup, ils arrivent en classe dans un état psychologique précaire. Ils sont physiquement en classe, mais psychologiquement absents.
Lorsqu’il quitte son enfant malade, il n’a pas donné l’argent à sa femme et a reçu un avertissement de son concessionnaire lui ordonnant de quitter la maison. Lorsqu’il vient en classe, il est soumis à la tentation du racket et des anti-valeurs. Ainsi, dans ce cas, si l’enseignant n’est pas mentalement fort, il risque de commettre ce qu’il n’a pas la volonté de commettre, car on dit que dans l’impossible, rien n’est impossible.
Et la loi ne sait pas ce qui est nécessaire. S’il y a vol par nécessité, il peut aussi y avoir racket par nécessité. Je ne dis pas que c’est moralement bon, mais cela fait partie des nécessités de la vie », a-t-il défendu.
Et pour mettre fin à ces pratiques selon le syndicaliste, « il faut une fois de plus une formation. Car aujourd’hui, nous sommes dans l’éducation. Nombreux sont ceux qui n’ont pas suivi de formation initiale à l’université et ne sont pas formés à l’enseignement.
Et lorsqu’ils ont été embauchés, ils n’ont pas bénéficié d’une formation continue. Ils n’ont pas reçu de formation sur les droits et devoirs de l’enseignant, sur l’éthique, la déontologie de l’exercice de la profession enseignante et sur la conscience professionnelle. C’est un problème. Ils n’ont pas cette conscience professionnelle, acquise grâce à une formation modulaire, qui leur montre quelles sont leurs prérogatives, quelles sont leurs limites, à quoi ils ne doivent pas s’exposer, quelle que soit leur misère. C’est extrêmement important. Si nous perdons cela de vue, nous aurons commis une mauvaise épreuve », indique Michel Pépé Balamou.
Ce responsable syndical insiste en disant que l’Etat doit doter l’école d’un budget conséquent de fonctionnement. Car d’après lui, la Guinée est l’un des rares pays au monde où les directeurs d’établissements ne disposent pas de budget de fonctionnement.
« Et il en va de même pour les enseignants »,a-t-il signalé.
Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com
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