Ce 25 novembre 2025, la communauté internationale célèbre la Journée pour l’élimination des violences faites aux femmes. Cette année, le thème mondial « Tous UNiS pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles » met en lumière un phénomène en pleine expansion à l’ère des réseaux sociaux. À cette occasion, nous avons recueilli le témoignage d’Aminata Pilimini Diallo, une web-féministe guinéenne engagée qui alerte depuis plusieurs années sur l’ampleur de ces violences.
Pour elle, cette journée doit être un moment de visibilité, mais aussi un rappel que la lutte ne doit jamais se limiter à une date symbolique.
«Cette journée, c’est une journée comme les autres, mais aussi une occasion de nous exprimer, de dénoncer, de défendre, de sensibiliser, de réfléchir, de parler dans les médias et d’informer sur tout ce qui touche aux violences faites aux jeunes filles et aux femmes. Moi, je me dis que tous les jours doivent être le 8 mars, le 25 novembre. Tous les jours doivent être des journées de lutte, de dénonciation, de sensibilisation et d’information. On doit en parler, en fait », affirme-t-elle.
La militante salue la pertinence du thème consacré cette année à la violence numérique. Elle rappelle que toutes les femmes actives en ligne sont exposées, quel que soit leur domaine.
«Le thème de cette année, c’est mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles. C’est un bon thème, parce qu’il va aider les filles et les femmes qui s’expriment. On ne parle pas seulement des activistes ou des militantes, mais de toutes les femmes, surtout celles les plus suivies ou les plus écoutées : les politiciennes, les militantes, les journalistes. Pour moi, le problème n’est pas qu’on parle d’un sujet, mais qu’on soit des femmes. C’est pour cela qu’on est critiquées, insultées, harcelées, attaquées, victimes de violences numériques. Ce thème va aider ces filles et ces femmes à comprendre qu’elles ont le droit de s’exprimer. Beaucoup pensent parfois qu’elles n’ont pas le droit de parler de religion, de sport, de développement ou de politique. Non, elles ont le droit », souligne Aminata Pilimini Diallo.
La cyberviolence prend des formes variées : insultes, campagnes de haine, menaces, intimidation. Ces attaques visent souvent à réduire les femmes au silence, surtout lorsqu’elles occupent l’espace public ou abordent des sujets considérés comme « sensibles ».
Pour Aminata Pilimini Diallo, la lutte contre les violences numériques repose sur plusieurs piliers fondamentaux.
«La solution, c’est d’abord de nous soutenir entre femmes. C’est essentiel. La deuxième, c’est d’oser : se dire que j’ai le droit de parler, que personne ne va m’arrêter. La troisième solution : si on te harcèle, on t’insulte, on te menace, il existe des lois. La Guinée dispose d’une législation sur la cybercriminalité. Les filles et les femmes victimes doivent aller porter plainte. Maintenant, c’est à l’État d’agir, d’appliquer ces lois, de protéger les filles et les femmes sur le numérique, et de protéger tout le monde d’ailleurs, mais spécialement celles qui sont harcelées matin, midi et soir, insultées, victimes de presque toutes les animosités venant des hommes comme des femmes », explique-t-elle.
En Guinée comme ailleurs, la violence numérique devient un enjeu majeur pour la protection des femmes. Le 25 novembre rappelle l’urgence de prendre cette menace au sérieux. Mais Aminata Pilimini Diallo insiste : la mobilisation doit s’inscrire dans la durée. Chaque jour doit être une occasion de défendre les droits des femmes.
Hawa Mohamed Soumah
