Plus de 75% d’échec au Baccalauréat en Guinée : « Le système éducatif est en train de s’affaisser », alerte un syndicaliste
Ils étaient attendus par plus d’un, c’est désormais chose faite. Les résultats du baccalauréat unique session 2024 ont été rendus publics mardi, 23 juillet 2024, par le ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation. Sur un total de 83 835 candidats ayant composé, 20 660 dont 7 225 filles sont déclarés admis sur l’ensemble du territoire national. Le taux de réussite à cet examen en Guinée est de 24,64%, toutes options confondues.
Interrogé par notre rédaction ce mercredi, 24 juillet 2024, le 1er secrétaire chargé des conflits et négociations au sein du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), a regretté ce pourcentage. D’entrée, Moustapha Soumah a félicité » le service examens, mais aussi le cabinet du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation pour l’effort fourni dans le processus de cet examen session 2024. Il faut reconnaître que le système éducatif est en train de s’affaisser à travers le comportement des acteurs impliqués dans le processus des examens. Ce qui a fortement impacté le résultat au niveau des examens de cette année. On ne peut pas se réjouir de ce pourcentage tant bien même nous connaissons que le niveau de l’apprenant n’est pas comme ça. Mais il faudrait aussi se poser la question sur la qualité de l’enseignement donné. Et chaque fois que nous sortons des examens nous nous remettons en cause et le résultat des enfants reflète en quelque sorte la prestation que nous leur apportons. Cette pourquoi cet échec est un échec national, les enfants ont échoué parce que nous les enseignants avons échoué. Et si nous avons échoué nous aussi c’est parce que le département a aussi échoué. Et à travers l’échec du département, tout le pays a échoué. Donc, beaucoup d’efforts restent à faire pour que ce système soit relevé et pour cela, il faut qu’il ait un apport conséquent en ce qui concerne les moyens qu’il faut apporter sur le plan pédagogique, mais aussi sur le plan logistique pour que nous puissions rehausser le niveau de l’apprenant afin que cela soit sanctionné par la qualification des résultats au niveau des examens », a-t-il déclaré avant de préciser :
« L’échec du département s’explique par le fait que le résultat qui est obtenu n’est pas le choix du département. Pour un nombre de plus de 80 000 candidats, si on a que 20 000 qui ont réussi, quelque part, le département dit qu’il n’a pas atteint ses objectifs. Mais qu’à cela ne tienne, comme on a opté pour des examens justes, équitables et acceptés de tous, il fallait que le département donne le résultat qui a été produit pour qu’ensemble avec le pouvoir central on essaye ce qu’il faut apporter parce qu’il y a toujours des solutions. Le système éducatif est sevré de beaucoup de choses. D’abord, la formation pédagogique manque à beaucoup. Il y en a, depuis qu’ils sont engagés à la fonction publique, ils n’ont jamais été assistés pédagogiquement. Beaucoup sont venus avec des acquis académiques, mais cela n’explique pas qu’en parcourant tout ce processus, qu’on est apte à donner cours. A côté de ça la, il y a un manque criard d’enseignants à l’intérieur du pays. Ce manque d’enseignants est à la base de l’échec dans les dix dernières années. Il faut faire en sorte que tous ceux sui doivent être recrutés au niveau de l’éducation soient circonscris et qu’il ait une garantie qu’ils ne sortent pas, que le MEPU-A ne soit pas une sorte de passoire. Les gens entrent par là, ils sortent pour aller de l’autre côté parce que tout simplement les mesures d’accompagnement n’encouragent pas les gens à rester dans le département. Donc, tant qu’on ne recrute pas les gens pour que toutes les écoles de la Guinée aient devant eux des professeurs de qualité, on va continuer à faire des examens on n’aura pas les résultats que l’on veut. Je voudrais féliciter les candidats qui sont admis et encourager ceux qui ne le sont pas », nous-a-t-il confié.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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