Youssouf Camara de l’UFDG: « Le vrai débat aujourd’hui concerne l’évaluation du calendrier de la transition »
Malgré que le glissement du calendrier de la transition semble acté par les autorités, certains acteurs sociopolitiques insistent toujours sur le retour à l’ordre constitutionnel en décembre 2024, comme indiqué dans le compromis dynamique signé entre les autorités de la transition et la CEDEAO. C’est le cas d’un membre du bureau politique de l’union des forces démocratiques de Guinée, parti de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo.
Dans une interview accordée à notre rédaction Youssouf Camara a dénoncé le non-respect du compromis dynamique et estime que le Premier ministre n’a rien fait pour réunir les acteurs autour de la table.
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un blocage total dû au non-respect des engagements pris par la junte devant la CEDEAO. Cet engagement stipulait un délai de deux ans pour la transition, qui est déclinée en dix points. À quatre mois de la fin de la transition, nous n’avons même pas atteint 30% des objectifs. Cette situation constitue un précédent préoccupant pour l’avenir politique du pays.
Depuis l’arrivée de Bah Oury, il n’y a pas eu de véritable dialogue. Le rôle du Premier ministre dans un régime de transition, c’est de rassembler tous les protagonistes autour de la table et de parvenir à un consensus sur la conduite de la transition. Cependant, il s’est aligné sur le CNRD, multipliant les invectives et les déclarations, ce qui est inquiétant. Nous revivons les mêmes erreurs que celles de 2009 : absence de dialogue, intimidations, arrestations arbitraires, bâillonnement de la presse, et restriction des libertés de manifester », indique le secrétaire fédéral de l’UFDG.
Selon lui, « il est crucial que ceux qui nous évaluent soient à jour. Le vrai débat aujourd’hui concerne l’évaluation du calendrier de la transition. Mais nous sommes dans un système où l’on crée des épiphénomènes pour détourner l’attention sur des véritables problèmes. Le CNRD et ce gouvernement ne sont pas issus de la légitimité populaire. Pour évaluer quelqu’un, il faut être issu d’une Institution légale. Nous attendons donc une évaluation des points promis par le gouvernement devant la CEDEAO. c’est au Premier ministre de faire une déclaration pour expliquer pourquoi la date fixée n’est pas tenable, surtout quand il n’était pas encore en fonction au moment de la fixation de ce calendrier. La transition doit se gérer par consensus, et cette question d’évaluation semble être une diversion », a-t-il dit avant de faire des révélations:
« Depuis 2018, le Code électoral prévoit que les partis politiques ayant obtenu près de 5% des voix doivent se voir restituer les cautions versées. Or, depuis 2018, il n’y a eu aucune compensation conforme à cette disposition. Cette situation constitue une autre violation. Au lieu d’évaluer les partis politiques, il faudrait d’abord vérifier si les subventions accordées aux partis sont conformes à la loi et à leurs prévisions. Pour évaluer les élèves, il faut respecter le programme de formation tout au long de l’année scolaire. Le MATD n’a pas montré de proactivité. Les agréments sont distribués sans respecter les conditions essentielles. Un agrément ne devrait pas être validé sans la présence de tous les éléments nécessaires, tels qu’un siège national, un compte bancaire et des cotisations des militants. Tout parti politique ne respectant pas ces critères, ne devrait pas être validé », a dit notre interlocuteur.
Ibrahima CAMARA pour siaminfos.com
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