Départ massif des jeunes africains vers l’Occident : Cellou pointe du doigt la « mauvaise gouvernance » des transitions militaires en cours en Afrique
En Guinée, au Mali, au Niger ou encore au Burkina Faso, l’armée est aux commandes depuis plusieurs années maintenant. Faire le point sur ces transitions militaires était au centre d’une rencontre le week-end dernier à l’Université de Sorbonne. Pour aborder ce sujet tout au moins crucial avec les professeurs, étudiants et amis de l’Afrique, l’ancien Premier ministre guinéen a été invité.
Cellou Dalein Diallo dit avoir « expliqué, en m’appuyant sur des faits réels, qu’en Guinée, comme ailleurs dans la sous-région, les militaires qui se sont emparés du pouvoir, au lieu de restaurer comme promis les libertés, la démocratie et l’État de droit, ont plutôt décidé de garder le pouvoir par la violence et la ruse, en se livrant à de graves violations des droits de l’homme et à des restrictions drastiques des libertés publiques. En outre, j’ai insisté sur le lien très fort qui existe entre cette mauvaise gouvernance politique et économique et le départ massif des jeunes vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Privés d’emplois, de perspectives et n’ayant plus confiance dans la parole publique, ces jeunes quittent leurs pays pour l’Europe en empruntant, au risque de leurs vies, les routes du Sahara et/ou des embarcations de fortune. En 2023, la Guinée a été le premier pays africain demandeur d’asile en France », dénonce-t-il.
Plus loin, le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) fait remarquer que « pour beaucoup, franchir la frontière n’est plus un choix, mais un acte de survie — une façon de « voter avec leurs pieds » contre des États devenus incapables de protéger ou de nourrir leurs citoyens. Les conséquences de cette faillite ne s’arrêtent pas aux frontières des États concernés : elles touchent l’Europe et l’ensemble de l’Occident. Les arrivées irrégulières, souvent tragiques, nourrissent des discours de peur et d’exclusion ; elles deviennent le carburant politique des partis d’extrême droite et poussent au durcissement des législations migratoires. La détresse humaine est instrumentalisée, les valeurs d’asile s’effritent, les passerelles se ferment ; la xénophobie progresse et fragilise les démocraties européennes, prises en étau entre leurs principes et leurs peurs. En rétablissant l’État de droit, en garantissant l’indépendance de la justice et en rendant nos Constitutions inviolables, l’Afrique pourra donner des emplois décents et de l’espoir à sa jeunesse, et contribuer ainsi à bâtir dans le monde une paix durable fondée sur le respect des libertés et de la dignité humaine. Je tiens à remercier chaleureusement l’Association de Sciences Po pour l’Afrique (ASPA), la Sorbonne African Business Club (SABC) et les Étudiants de la Sorbonne pour le Monde Africain (ESMA) pour leur invitation et pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur ces questions qui préoccupent l’Afrique et le monde », a-t-il conclu.
Mohamed Lamine SOUARÉ pour Siaminfos.com
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