Un élu sénégalais prévient Macky Sall : « Le troisième mandat a été un incendie en Guinée avec des centaines de morts »
A la veille du procès de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko poursuivi pour « viol et menace de mort » devant la chambre criminelle, des affrontements ont été signalés entre ses partisans et les forces de défense sénégalaises lundi, 15 mai 2023, à Ziguinchor. Affrontements au cours desquels, un policier a trouvé la mort sans oublier de nombreux blessés, selon plusieurs médias sénégalais. De plus en plus, de nombreux opposants prêtent l’intention au président sénégalais Macky Sall de vouloir briguer un troisième mandat. C’est le cas notamment du maire de Thiès Babacar Diop, par ailleurs candidat à la présidentielle prochaine.
D’entrée, l’élu a fait savoir que la « désobéissance civile » prônée aujourd’hui par Ousmane Sonko révèle d’une nécessité pour sauver la démocratie sénégalaise : « Il faut comprendre que la désobéissance civile ne se passe pas dans une dictature, c’est un élément essentiel de la démocratie. Lorsque les institutions sont en crise, lorsque la démocratie est en crise, lorsque le système judiciaire est en crise et qu’il n’est plus en mesure de rendre des verdicts équitables, à partir de ce moment, la désobéissance civile devient légitime », a-t-il martelé avant de faire des réserves vis-à-vis de la main tendue du président sénégalais à l’opposition :
« Il s’agit d’un unième appel. Que reste-t-il du premier appel de Macky Sall en 2016 ? Que reste-t-il de son deuxième appel en 2019 ? A part l’entrée d’Idrissa Check dans le gouvernement. Aujourd’hui, nous ne rejetons pas le dialogue qui est un élément constitutif de la démocratie. En tant qu’homme politique responsable, ce que nous attendons de Macky Sall, qu’il puisse poser des actes forts qui montreraient sa bonne foi, sa sincérité en libérant les détenus politiques, tous ces leaders d’opinions, tous ces journalistes. Aujourd’hui, le Sénégal est une grande prison. Il doit permettre aux jeunes de s’inscrire sur les listes électorales. La paix sociale est extrêmement importante, c’est la finalité de la démocratie et de la politique. La paix est importante pour nos pays surtout le Sénégal. Aujourd’hui, la vie de nos peuples nous est très chère », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, Babacar Diop invite le chef de l’État sénégalais à renoncer à son projet de troisième mandat. Pour assoir sa position, il a cité plusieurs cas en Afrique, notamment en Guinée : « C’est ce qui fait que nous appelons à la responsabilité, mais je pense qu’il appartient à Macky Sall aujourd’hui de poser des actes. D’abord, en renonçant publiquement à sa candidature au troisième mandat. Un peu partout en Afrique, le troisième mandat est un incendie pour notre démocratie. Le troisième mandat a été un incendie en Guinée avec des centaines de morts. Il a constitué un incendie en Côte d’Ivoire avec des centaines voire des milliers de morts. Il a été un incendie également pour notre démocratie en 2010, 2011 et 2012 avec Abdoulaye Wade (le prédécesseur de Macky Sall, ndlr). Aujourd’hui, j’ose espérer que Macky Sall ne serait pas un incendiaire comme Néron qui a pris Rome pour ses intérêts personnels », a-t-il martelé dans le JT de nos confrères de TV5 Monde lundi.
Mohamed Lamine Souaré pour siaminfos.com