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Conakry: zoom sur le service de Psychiatrie du CHU de Donka, considéré comme l’un des meilleurs de la Sous-région

Nous vous l’annoncions dans l’un de précédents articles, la problématique liée aux découvertes de corps sans vie ces derniers temps à maints endroits de la capitale Conakry. Chose qui, pour beaucoup, relance sur la hausse du nombre de malades mentaux à traver les rues de la capitale guinéenne. Pourtant, un service de Psychiatrie que beaucoup pensent être fermé est bel et bien opérationnel pour leur prise en charge. En tout cas, c’est selon le constat fait sur le terrain par Siaminfos.com.

Situé dans l’enceinte de l’hôpital national CHU Donka, ce service considéré comme l’un des meilleurs de la sous région,  reçoit et traite au quotidien des dizaines de malades, qui souffrent de troubles mentaux.

Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction mercredi, 16 octobre 2024, le Professeur Doukouré Morifodé, responsable dudit service a tout d’abord balayé d’un revers de main les informations selon lesquelles son service est fermé.
«Non, mais je crois qu’avant de parler, on doit se renseigner. Et cette recherche de l’information, c’est autant pour ceux qui donnent l’information que ceux qui relaient l’information. Quand c’est comme ça, moi, à votre place, je viens voir si le service est fermé. Je crois que le service n’a même pas été fermé pendant la rénovation. C’est le seul service qui est resté à Donka. Et même pendant la rénovation, on a toujours hospitalisé, parce que le service a été délocalisé au service des maladies infectieuses. On a pris un pavillon là-bas. Et c’est pourquoi ça a été le dernier coin à être rénové », éclaircie d’entrée notre interlocuteur avant de poursuivre :
«Après la rénovation, nous sommes revenus avec les malades. Mais puisqu’il devait y avoir une nouvelle gestion, il a été question de ne pas hospitaliser. Mais, il y a eu toujours des consultations et des suivis ici. Donc ça, c’est une fausse information. Ce n’est pas du tout vrai. Et la population guinéenne, pas moi, d’autres personnes peuvent en témoigner. Mais pendant que le service existait, il y a eu toujours des malades mentaux dans la rue. Et pendant la période de rénovation, ils ont ramassé tous les malades mentaux en ville pour venir les déposer ici, à un moment donné, avant le début de la rénovation. Ça, c’était avant la rénovation, donc la rénovation n’a rien à voir avec ce problème de malades mentaux», a-t-il martelé, avant de renchérir:

« Bon, c’est l’un des plus grands services de l’hôpital Donka parce qu’avec la rénovation, beaucoup de services ont vu leur capacité diminuer.
C’est la capacité du service de psychiatrie qui a été maintenue. Nous avons une capacité de 60 lits.
Et actuellement, nous sommes à plein parce que c’est la saison des pluies.
Vous savez, il y a des types de troubles qui ont un lien avec la saison. Il faut qu’on arrive à comprendre tout ça. Mais les gens ne comprennent pas.
Toutes les salles sont climatisées aujourd’hui, avec une propriété inégalée.
Et, nous avons un personnel au service des malades.
Donc, si je peux dire quelque chose aujourd’hui sur la psychiatrie, si je continue à parler de tout ce qui est là, peut-être que je serai submergé.
Et vous savez, lorsque l’offre est supérieure à la demande, ça devient du chaos.
La demande est supérieure à l’offre.
Bon, c’est notre travail, nous les comprenons, nous sommes à leur écoute, nous sommes empathiques avec eux. Et l’empathie, c’est la reconnaissance de la souffrance de l’autre.
Pendant que personne ne les écoute, nous sommes dans la disposition de les écouter
Même si ce qu’ils disent pour les uns ou pour les autres n’a pas de sens, pour nous ça a un sens.
C’est l’expression de leur souffrance psychique.
Et lorsque quelqu’un a une souffrance, il faut l’écouter.

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Et ensuite, il y a le traitement qu’on met en place pour les aider.
C’est comme ça nous les gérons, et ça c’est quand même indispensable.
Voilà, et c’est notre travail, c’est ce que nous avons appris.
Un malade mental, c’est un malade comme les autres. Ça, c’est extrêmement important.
Il n’y a pas une seule maladie, il y a des centaines de maladies en psychiatrie », a-t-il indiqué.


Plus loin, notre interlocuteur a fait savoir que:
« Nous avons 13 à 14 salles d’hospitalisation
Et ceux qui sont dans la cour, ce sont des hospitalisés, il y a des parents qui sont là, qui sont venus leur rendre visite parce que c’est l’heure de visite.
Et il y a le personnel soignant, c’est ça.
et les niveaux sont différents.
Les niveaux, c’est-à-dire le type de maladie.
Il y a plusieurs types de maladies. Chaque maladie a son traitement.
Et on fait tout pour ne pas raccourcir le séjour, qui est quand même un élément important ».

Le temps pris par les parients pour les soins au sein du service de Psychiatrie.

« Actuellement, le maximum c’est un mois et c’est rare. Je ne veux pas les longues hospitalisations parce que le but du traitement, c’est d’arrêter la souffrance des patients, favoriser leur insertion et réinsertion socio-professionnelles ».

Mais, au bout de ce temps-là, est-ce que ça trouvera qu’ils (patients, ndlr) sont guéris?

« Je n’aime pas le terme guérison. Parce que guéri, pour moi, on a retrouvé la cause, on l’a enlevée et on arrête tout le traitement. Comme un appendicite, on voit que l’appendice est enflé, on l’enlève, on le referme et c’est fini. Mais les troubles mentaux sont multifactoriels.
Parce que nous faisons les diagnostics
sur cinq axes. Et il faut prendre tout ça en compte.
Mais les gens se stabilisent, c’est-à-dire que les signes disparaissent et ils reprennent une vie socioprofessionnelle. Il y a des mariés, il y a des fonctionnaires, il y a des ouvriers. La maladie ne connaît pas de profession,ne connaît pas de niveau intellectuel et je vais vous dire qu’il y a des types de maladies qui surviennent sur des terrains intellectuels enregistrés, des gens qui sont surdoués.
S’ils sont bien gérés, ils peuvent avoir une ascension socioprofessionnelle extraordinaire.
Une maladie mentale n’est pas une fatalité. Mais ça constitue, l’épisode constitue une parenthèse qui s’ouvre et qui se ferme », martèle Professeur Doukouré.

Mohamed Lamine Souaré et Mohamed Bah pour Siaminfos.com
Tél. : 627 56 46 67 / 660 23 01 03
E-mail : souaremohamedlamine56@gmail.com

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