Des enseignants assistants opprimés par le rectorat de Gamal et le SNAERSURS ? : « Au sein de cette institution, nous sommes des cibles à abattre »
Depuis plusieurs mois maintenant, l’affaire fait grand bruit au sein de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, apprend-on. En effet, ils sont au total 35 enseignants assistants qui se sentent « opprimés » au sein de cette institution d’enseignement supérieur, l’une des plus importantes du pays. En cause, rapporte un membre du collectif qui a préféré garder l’anonymat, le rectorat de Gamal en « connivence » avec le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNAERSURS), aurait refusé de reconnaître les 35 enseignants assistants évoluant à Gamal.
D’entrée, notre interlocuteur qui s’est confié à notre rédaction mercredi, 3 janvier 2024, est revenu sur la genèse de ce bras de fer : « Il faut préciser qu’à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, il y a beaucoup de catégories d’assistants. Généralement, quand on analyse le mot assistant dans l’enseignement supérieur, celà voudrait dire que les gens aient des doctorats. Nous sommes un groupe de personnes de 35 qui n’ont pas encore le doctorat, il faut le reconnaître, mais ce groupe est victime d’injustice parce qu’environ 5 à 8ans des gens travaillent à Gamal, et ils n’ont pas de contrat. Nous avons des charges pédagogiques qui sont délivrées par l’institution et nos noms figurent dans les emplois du temps. Celà démontre que nous sommes reconnus par les responsables de Gamal même si ce n’est pas un contrat d’homologation, mais nous devons bénéficier s’il y a des opportunités surtout par rapport au protocole d’accord obtenu entre le SNAERSURS et le département. Il est question d’engager les homologues et ceux qu’ont travaillé pour les universités depuis 2021 la fonction publique. Malheureusement, notre catégorie n’est pas prise en compte. On a fait beaucoup de démarches, jusqu’à date on est encore entre les nuages. Nous sommes convaincus que nous sommes lésés dans nos droits et nous irons jusqu’au bout. Nous travaillons, nous donnons les cours de TP et de TD au sein de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Le véritable problème, après l’obtention du protocole d’accord, il était question que toutes les institutions d’enseignement supérieur en République de Guinée fournissent la liste de leurs assistants. Il y a des gens qui ont la licence ou le doctorat, il y a une catégorie qui n’a que des charges pédagogiques et des emplois du temps. Nous faisons partie de cette catégorie de personnes. Donc, le syndicat a collecté des dossiers, il a continué à nous rassurer à l’interne que notre liste a été transmise à chaque fois qu’on le rencontrait », a-t-il martelé.
Selon notre interlocuteur, le SNAERSURS ne s’est bougé pour qu’ils obtiennent gain de cause. Pour mener à bien le combat, ils ont décidé de rencontrer le département de tutelle : « Mais il est fort de constater, après vérification, que notre liste n’était pas transmise. Il paraîtrait que le recteur a refusé de signer faute de quoi nous n’avons pas de contrat. Et le syndicat a refusé de nous dire la vérité, nous sommes restés dans cet espoir. Finalement, il fallait creuser à un certain niveau. Nous sommes allés rencontrer général Yansané qui est le président du SNAERSURS à l’échelle nationale, qui a son siège à l’université de Sonfonia. C’est là qu’on a su par a+b que l’université de Gamal n’a pas transmis la liste. Il ne fallait pas rester bras croisés, il fallait continuer le combat, étant donné que nous sommes rassurés que nous sommes orphelins maintenant, il faut qu’on sache faire les démarches allant dans le bon sens pour qu’on soit rétablis dans nos droits. Sur ce, nous sommes allés au ministère de l’Ensemencement Supérieur sans audience où nous avons été reçus par le secrétaire général Dr.Facinet Conté. Vu la situation, automatiquement, il nous a mis en contact avec le directeur des ressources humaines, en fonction des preuves qu’on détenait ce jour, de dresser une liste, ce qui fut fait. Sur le champ, une mission d’inspection a été dépêchée à Gamal pour des vérifications. C’est inspecteur général Pr.Maxime Millimouno qui était à la tête de cette mission. La mission a effectué son travail, le ministère a ramené la liste des 35 à Gamal. Et du coup, le rectorat a donné la liste à chaque département de justifier. Après vérification, les 98% figuraient dans les emplois du temps, et les autres avaient déjà les contrats de vacations, pas un contrat d’homologation, qui démontrent que oui tel donne ce cours, soit au premier module où au second avec volume horaire. Nous sommes restés, on a continué à appeler Pr.Maxime Millimouno du ministère, chaque fois il nous disait qu’il n’avait pas encore le rapport que l’université Gamal devait faire. Puisqu’il faut balayer la patience passive, il fallait opter pour la patience active; nous nous sommes rendus à nouveau au département qui a été délocalisé dans l’enceinte de l’université de Gamal, suite à l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum. A notre très fort étonnement, la réponse était nulle, c’est-à-dire l’université refuse de reconnaître nos dossiers malgré les vérifications. En ce que je sache, le rapport a été automatiquement envoyé chez la ministre, mais moi je ne l’ai pas vu. C’est quand nous sommes allés voir Dr.Facinet Conté, qu’il nous a dit que l’université n’a pas reconnu les 35, et il était question que l’université accepte pour faire n’importe quelle activité nous concernant. C’est là qu’on a compris que nous sommes ignorés. Il faut préciser que nous sommes en train de faire, c’est le syndicat qui devrait le faire. Mais, à un certain niveau, il faut prendre le devant. Le syndicat a continué à nous rassurer, on a compris que ce n’était pas ça, il fallait aller », a-t-il déploré avant de poursuivre :
« Nous ne comptons pas baisser les bras, nous allons continuer à nous battre, faire les démarches. Les difficultés que nous avons sont énormes. Imaginez que vous faites un travail pendant 5 à 8 ans pour une institution qui refuse de vous reconnaître en vous traitant de n’importe quoi. La deuxième difficulté, le syndicat n’a pas défendu notre dossier, alors qu’il connaît ce dossier de fond en comble. Avant-hier, on a adressé un courrier à la ministre Dre. Diaka Sidibé, expliquant le motif parce qu’elle doit être déjà au courant, au moment qu’une mission d’inspection a été dépêchée par son département à Gamal, je me dis qu’elle est informée. Vu que les lignes n’ont pas bougé, nous lui avons adressé un courrier. Nous comptons aller plus loin en saisissant le président de la transition. Depuis qu’il a pris le pouvoir, il a fait le combat de l’injustice son cheval de bataille. Il y a eu beaucoup d’exemples, quand je prends le cas Saran Bah, Miss Guinée. Au départ, ce n’était pas elle qui était partie, après vérification le président s’est rendu compte que ce n’était pas elle, mais elle a été rétablie dans ses droits. Voici ce qui nous donne le courage avec le CNRD de poursuivre ça. Nous nous ferons entendre jusqu’à ce que le président soit au courant de ce dossier et nous sommes convaincus que le président que nous connaissons de par ses actes, ne va pas tolérer l’injustice. Et nous avons été surpris du fait que le département jusqu’à date avec des preuves afférentes, parce que le contrat soit il est verbal ou écrit. Nous avons des pièces montant notre existence à Gamal. Le paradoxe, ils nous disent qu’il faut le master ou le doctorat. Les appels à candidature que le département a lancés statuant sur la formation des formateurs, on a postulé fatigués, mais nous nous sommes rendus compte qu’il faut être de la boîte pour être fiancés pour la formation. Sinon l’intégration à la fonction n’était pas une priorité, on a privilégié la formation, mais elle ne vient pas sans l’intégration, c’est ce qui nous amène à poursuivre ce combat. Nous lançons un appel aux autorités, aux personnes de bonne foi, de nous aider dans nos démarches de façon concrète jusqu’à ce qu’on nous rétablisse dans nos droits. Nous espérons que ce message va arriver chez le président de la transition et il prendra une décision nous rétablissant dans nos droits. Si toutes ces démarches n’aboutissent pas, nous continuerons à abandonner les salles de classe. A un certain niveau quand tu danses avec un aveugle il faut lui marcher dessus pour qu’il sache que tu es là. Si cette institution pense qu’on n’a pas le poids, mais il faut aller aujourd’hui à Gamal vérifier, notre absence a créé un vide. Beaucoup parmi nous donnaient d’ailleurs les cours de conférences. C’est un manque de volonté parce que toutes les autres institutions d’enseignement supérieur ont fourni la liste de leurs homologues, ceux qui ont des charges pédagogiques et qui sont des emplois du temps. J’ai été surpris du fait que j’ai retrouvé sur la liste générale des gens qui ont des diplômes ATP, ATS et BTS. Donc, n’est pas juste », a-t-il dénoncé.
Sans passer par le dos de la cuillère, notre interlocuteur estime qu’ils sont aujourd’hui des cibles à « abattre » au sein de cette institution d’enseignement supérieur : « Au sein de cette institution, nous sommes des cibles à abattre parce que si vous êtes abandonnés par tout le monde, dénigrés ou le syndicat censé de nous défendre refuse de le faire, il est en complicité avec le rectorat parce que le jour qu’on a été convoqués par le vice-recteur chargé des études Dr.Ansoumane Camara, j’ai trouvé un membre du syndicat dans son bureau. Très nerveux, quand je lui ai salué il n’a pas répondu. Ils nous ont posé quelques questions, mais c’était des questions d’attrape-niveau, des pièges. Ils nous ont demandé si on avait un contrat d’homologation. C’était une manière qu’on confirme pour demander de le leur montrer, et ce sont eux qui sont censés le délivrer. Imaginez dans une institution vous avez des charges pédagogiques, certains diront que ce n’est rien, mais ce sont des traces. Même le contrat s’il est oral, il y a des traces qui démontrent que vous avez travaillé, vous êtes défendable, à plus forte raison nous avons les emplois du temps qui sont signés par les différents chefs de département. Nous avons des charges pédagogiques stipulant tel fait et à tel moment, c’est suffisant pour que ces gens là nous prennent en compte », a-t-il conclu.
Dans nos prochaines publications, nous allons donner la parole aux mis en cause.
Affaire à suivre !
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com