La Guinée depuis son indépendance en 1958, a opté pour un régime présidentiel. Aux yeux de bon nombre d’acteurs sociaux politiques, c’est un régime qui a montré ses limites. C’est pourquoi, estime le président du Mouvement démocratique libéral (MoDel), il s’avère nécessaire de renforcer le pouvoir du législatif.
Aliou Bah laisse entendre que cela permettra de changer la donne : « Le pouvoir du décret en Guinée est exorbitant parce que par expérience, les différents présidents qui se sont succédé peut être sans le vouloir pour certains, peut être intentionnellement fait pour d’autres, se sont retrouvés comme étant des demis dieux à la tête de la Guinée. Et chaque fois que ça tombe, tout de suite il y a un semblant d’espoir qui renaît, mais au bout d’un temps on se rend compte que ce n’est pas ce qu’on croyait. Finalement, le peuple déchante et on retombe encore dans les mêmes difficultés. Pour nous, le problème est systémique. Donc, il faut travailler à casser le pouvoir du décret et redonner certaines prérogatives de l’exécutif au niveau du législatif. Le législatif est important pour nous dans le sens où vous avez la possibilité de créer des commissions composées de spécialistes qui peuvent suffisamment appeler l’exécutif en terme de contrôle d’action gouvernementale », martèle-t-il avant de poursuivre :
« Pratiquement, on n’a jamais eu une Assemblée nationale de la Guinée qui a pris l’initiative par exemple de l’enquête parlementaire et qui est prévenue à contraindre un membre de l’exécutif c’est-à-dire un Premier ministre ou un ministre de la République à venir s’expliquer devant nos élus en commission ou devant l’Assemblée nationale en plénière. Et que celui-ci puisse être révoqué par recommandation de l’Assemblée nationale auprès du président. Et pourtant, c’est comme ça que ça devrait se passer parce que les élus qui siègent au Parlement sont plus légitimes que les ministres qui siègent au gouvernement. Les ministres sous-traitent le mandat du président, parce que c’est le président élu qui choisit ses collaborateurs, il peut s’en débarrasser comme bon lui semble. Par contre, les élus, c’est ceux-là qui défendent les intérêts des citoyens. Le schéma institutionnel que nous ambitionnons pour la Guinée c’est non seulement ramener l’essentiel des pouvoirs au niveau du législatif tout en ayant un président, mais pas un président avec un pouvoir exhortant. Mais un président qui se sentira surveillé par le Parlement », a-t-il indiqué.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com