A sept (7) mois de la fin de la transition guinéenne, selon l’accord obtenu avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et validé par le Conseil national de la transition, les spéculations sur un probable glissement de calendrier vont bon train dans le pays. En effet, des acteurs socio-politiques non des moindres prêtent l’intention à la junte actuelle de vouloir s’éterniser au pouvoir, en compromettant, disent-ils, le retour à l’ordre constitutionnel. Pour ces derniers, la récente déclaration du Premier ministre ne laisse planer aucun doute là-dessus dorénavant.
Cependant, quelque temps après avoir pris le pouvoir le 5 septembre 2021, le Général Mamadi Doumbouya a, dans une interview accordée à nos confrères de la RFI, laissé entendre qu’il n’a pas l’intention de confisquer le pouvoir :
« Nous ne sommes pas politiques, nous venons tout simplement rendre le pouvoir au peuple de Guinée, à travers le Conseil national de la transition qu’on est en train de mettre en place depuis, va pouvoir décider au nom du peuple de Guinée. Il faut qu’on soit en cohérence avec ce qu’on dit. Nous avons dit qu’on donne le pouvoir au peuple de Guinée parce que nous voulons mettre en place un système qui pourra résister aux tentations des hommes […]. J’ai été clair que ni moi ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit », avait promis le colonel d’alors.
Récemment, sur TV5 Monde, l’actuel Premier ministre de transition Bah Oury a dit à qui veut l’entendre que « le retour à l’ordre constitutionnel, tel qu’il a été défini, ne le sera pas » à la fin de cette année 2024 en Guinée. Le CNT cautionne-t-il ce glissement de calendrier alors que c’est le même qui avait validé le chronogramme de 2 ans ? Impossible de répondre pour le moment, mais toujours est-il que le président de la transition avait déclaré sur RFI qu’aucun délai ne sera « imposé » au peuple de Guinée : « Nous allons mener la transition à bon port. Nous allons partir de la base au sommet par les communales, après le législatives et la présidentielle pour permettre au président qui viendra à ne pas vouloir s’éterniser. Le peuple n’acceptera plus jamais qu’on personnalise la chose publique […]. En tant que soldats, nous tenons beaucoup à la parole donnée. Nous avons fait l’état des lieux de toutes les expériences qui n’ont pas marché dans notre pays, et nous ne voulons vraiment pas faire les erreurs du passé. C’est pourquoi nous sommes déterminés là-dessus à ce que les choses soient inclusives : le calendrier, le chronogramme, le délai de la transition. Je ne peux pas vouloir dire au peuple de Guinée que je lui donne sa liberté à travers le CNT en même temps lui imposer un délai », avait-il martelé.
Le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) va-t-il sortir de son mutisme pour situer les uns et les autres ? Ou bien le Premier ministre Bah Oury est-il la « marionnette » de la junte guinéenne comme le prétendent certains acteurs politiques guinéens ? Sans nul, les prochains mois nous édifieront.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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