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Kankan : le combat silencieux de dame Sona Traoré contre le cancer du sein

Alors que la campagne octobre rose se déploie dans tout le pays pour sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein, l’histoire bouleversante de dame Sona Traoré, jeune mère d’une trentaine d’années vivant au quartier Senkefara, met en lumière la détresse silencieuse de nombreuses femmes confrontées à cette maladie. Entre les douleurs du corps et les responsabilités maternelles, elle incarne le courage dans la souffrance.

Trouvée assise sur une chaise, son bébé dans les bras, Sona alterne entre tétées et prises de médicaments. Malgré la fatigue, la douleur et le poids des traitements, elle garde un sourire timide. « Ma force, je la tire de mon enfant et de ma foi », confie-t-elle avec douceur.

Tout a commencé après la dernière fête de Tabaski. « J’ai ressenti une douleur au sein. Il s’est mis à gonfler, à devenir dur comme une pierre, et malgré les traitements, il ne dégonfle pas. La douleur est constante », raconte-t-elle, d’une voix affaiblie.

La souffrance s’est intensifiée au point d’affecter une partie de son corps. « Mon côté gauche va bien, mais tout le côté droit me fait très mal. Parfois, je ne peux pas dormir. Mes pieds me font souffrir et marcher devient difficile », explique-t-elle avec peine.

Le moment le plus douloureux pour elle reste l’allaitement. « Mon bébé souffre beaucoup. Il ne tète qu’un seul sein. Depuis qu’il a eu ses 40 jours, il refuse l’autre, à cause de la maladie », dit-elle, les larmes aux yeux.

Faute de moyens, Sona et sa famille ont tenté tous les recours possibles, entre médecine moderne et traditionnelle. « Nous avons commencé par les tradi-praticiens. Mais un jour, la douleur est devenue insupportable et j’ai perdu connaissance. À l’hôpital régional de Kankan, les médecins ont recommandé de poursuivre les soins à Conakry ou au Mali. Certains ont même dit que cette maladie ne se soigne pas à l’hôpital. Alors, nous continuons avec la médecine traditionnelle », témoigne-t-elle.

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Son mari, lui aussi à bout de force, tente de subvenir aux besoins du foyer et de payer les médicaments. « Il fait de son mieux, mais aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens », dit-elle avec résignation.

En ce mois d’octobre consacré à la lutte contre le cancer du sein, dame Sona lance un cri du cœur : « Si je pouvais recevoir de l’aide pour me soigner, ce serait une grande bénédiction. Quand on a la santé, tout devient possible. »

Dans une région où les ressources médicales restent limitées et la sensibilisation encore faible, le cas de Sona illustre l’urgence d’une meilleure prise en charge des femmes atteintes de cancer. Beaucoup, comme elle, arrivent tardivement aux soins, faute d’informations, de moyens ou de structures adaptées.

À Kankan, plusieurs ONG et structures sanitaires participent à la campagne octobre rose pour encourager le dépistage précoce. Mais sur le terrain, les réalités demeurent dures, des femmes continuent de souffrir et de mourir dans le silence.

L’histoire de dame Sona Traoré résonne comme un appel à la solidarité. Derrière chaque ruban rose, il y a une vie, un combat, un espoir. Et celui de cette jeune mère courageuse mérite d’être entendu et soutenu.

Mohamed Aly Keita pour Siaminfos.com

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