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Madagascar: Le président Rajoelina limoge l’ensemble de son gouvernement

Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé, ce lundi 29 septembre, le renvoi de l’ensemble de son gouvernement, une mesure radicale pour tenter d’apaiser une colère populaire, principalement portée par la jeunesse. Cette décision intervient après plusieurs jours de manifestations parfois meurtrières avec un bilan humain d’au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés selon l’ONU.

C’est lors d’une allocution télévisée que le chef de l’État a prononcé ces mots attendus : « Suivant l’article 54 de la Constitution, j’ai décidé de mettre fin aux fonctions du premier ministre et du gouvernement » . Il a présenté ses excuses « s’il y a des membres du gouvernement qui n’ont pas fait le travail que le peuple attendait » et a assuré avoir « écouté » les voix de la jeunesse .

En attendant la nomination d’un nouveau gouvernement, ceux qui sont en place assureront l’intérim selon le président.

Le président a ensuite détaillé le processus de formation d’un nouvel exécutif, annonçant un délai de trois jours pour recevoir les propositions pour le poste de Premier ministre. Fait notable, il a invité toute personne « compétente » et « intègre » à soumettre sa candidature pour servir dans le futur gouvernement, que ce soit par dépôt de CV au palais présidentiel ou via une plateforme en ligne .

Cette crise politique a pour origine un mouvement de protestation spontané, né sur les réseaux sociaux sous l’impulsion du collectif « Gen Z Madagascar ». Initialement centrées sur la colère contre les coupures incessantes d’eau et d’électricité – pouvant durer jusqu’à douze heures par jour dans la capitale Antananarivo –, les revendications ont rapidement pris une tournure politique .

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Les pancartes brandies par les manifestants, arborant des slogans comme « On veut vivre, pas survivre », résument le profond malaise social. Dans un pays où 75% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, la gestion de la compagnie nationale d’électricité et d’eau (Jirama) est devenue le symbole d’une gouvernance critiquée et de la corruption .

La répression des manifestations a été d’une rare violence. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a annoncé qu’au moins 22 personnes avaient été tuées et plus d’une centaine blessées depuis le début du mouvement . Volker Türk, le Haut-Commissaire, s’est dit « choqué par la réponse violente des forces de sécurité », dénonçant une force « non nécessaire et disproportionnée » et pointant l’usage de balles réelles par certains officiers.

Le gouvernement malgache, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, avait démenti ce bilan, affirmant qu’« aucun chiffre officiel ne corrobore » et a invité les organisme internationaux à faire preuve de vigilance face aux rumeurs et campagne de désinformation.

Ce lundi même, le collectif Gen Z Madagascar a exprimé sa « grande déception » et appelé à de nouvelles manifestations, réclamant désormais ouvertement le départ du président Rajoelina lui-même avec le slogan « Miala Rajoelina » (« Rajoelina, dégage ») .

Bah Mohamed pour Siaminfos.com

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