Affaire 700 milliards: « Certains ont déjà commencé à rembourser », révèle un avocat de l’Agence Judiciaire de l’État
Le directeur général de la Douane, son adjoint et neuf autres personnes ont été entendus ce jeudi, 19 décembre 2024 par la chambre de contrôle de l’instruction de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Il s’agit de l’affaire portant sur le présumé détournement de 700 milliards de francs aux Douanes. Une affaire qui impliquerait également une trentaine de sociétés de transit. A l’audience de ce jour, de nouvelles inculpations ont été enregistrées, a appris Siaminfos.com.
Interrogé, Me Pépé Antoine Lamah, avocat de l’Agence Judiciaire de l’État a au-delà de l’enquête ouverte par le parquet spécial, parlé des investigations pour faire tomber ce réseau de corruption aux Douanes.
« Je ne peux pas normalement vous déballer le contenu entier de ce qui s’est passé dans cette audience, même si je sais qu’en la matière sur le fondement de l’article 305 du code de procédure pénale, l’audience est publique quant à l’examen des questions de demande de mise en liberté en appel. Mais je peux simplement vous rassurer que le préjudice subi par l’État dans ce dossier est immense. Plus de 700 milliards de francs guinéens répartis comme ça dans les poches des individus qui se sont donné le plaisir de s’enrichir illicitement sur le dos de l’État. C’est une situation qui ne doit pas rester impunie. Des investigations sont en cours pour mesurer l’ampleur des dégâts, situer éventuellement les responsabilités, à la prochaine audience. Aujourd’hui, nous étions en train de débattre du recours introduit par les avocats des inculpés contre les ordonnances de placement en détention provisoire. L’État, à travers ses avocats, a plaidé le maintien des ordonnances de placement en détention et nous avions estimé que c’est à bon Droit que la Chambre de l’instruction a entrepris ces mesures pour donner la chance à l’instruction de prospérer », a indiqué l’avocat, avant de faire des révélations.
« N’oubliez pas, dans cette affaire, il y a assez de manipulations qui se sont déroulées. Il y a eu des tentatives de destruction de preuves. Le moment venu, vous serez informés dans les détails prêts de tout ce qui s’est passé, comment ça a commencé, comment ça a évolué, comment ça a été développé. Et c’est comme la prochaine audience. Non, en fait, en dehors de l’audience d’aujourd’hui, c’est l’instruction qui continue. Nous étions devant la chambre spéciale de contrôle de l’instruction. Ça ne dessaisit pas la chambre de l’instruction qui est déjà en train de poursuivre l’information parce qu’il y a eu de nouvelles inculpations au-delà des 11 personnes qui sont déjà ici aujourd’hui. Il y a des mesures qui sont en train d’être prises et d’autres mesures utiles pour la manifestation de la vérité pourraient certainement encore être envisagées par la chambre de l’instruction. Nous, État, accompagnons la Cour de Répression des infractions économiques et financières dans le cadre de la manifestation de la vérité. Nous allons, de notre côté, œuvrer à ce que ceux qui sont impliqués répondent de leurs faits devant la loi et ceux qui, aussi, n’ont rien à se reprocher ne puissent pas subir le même courroux que les autres. Nous sommes respectueux de la présomption d’innocence, mais nous sommes aussi attachés au respect et à la défense des intérêts de l’État. Nous ne pouvons pas rester comme ça, bras croisés, quand un tel crime aussi grave est commis. Ces nouvelles inculpations. Je ne peux pas vous en dire un peu plus. Permettez que je me limite sur ces éléments objectifs du dossier, C’est comme ça qu’on vient. Les montants, ainsi de suite, je n’en parlerai pas, mais je peux simplement vous dire que certains ont déjà commencé à rembourser. La prochaine audience, sûrement, sera pour vider le délibéré quant à la question qui a été soumise à débat tout à l’heure. Maintenant, peut-être que d’autres audiences viendront parce que forcément, certains formeront des recours contre des décisions qui seront rendues, n’est-ce pas, par la Chambre de l’instruction. Dans le dossier, on avait parlé aussi des transiteurs, mais on voit qu’il y a des douaniers ici. Absolument, il y a des doigtiers qui sont impliqués, il y a des transitaires qui sont impliqués. Mais dans le rôle, on a vécu les douaniers », a-t-il martelé.
Les prévenus, tous actuellement en détention, sont: Moussa Camara, le colonel Macky Agreby Diallo, le colonel Lancinet Sidiki Condé, le lieutenant-colonel Fodé Camara, le colonel Fadensen Keita, le lieutenant-colonel Mohamed Baba Bamba, le lieutenant-colonel Kadiatou Diallo, le lieutenant-colonel Ousmane Oulare, le capitaine Mamadou Baïlo Diallo, ainsi que le commandant Léonie Plegne. Ils sont accusés de plusieurs infractions graves, telles que la falsification et l’usage de faux documents publics et authentiques, la corruption, les atteintes au système informatique de la Douane, l’enrichissement illicite, la concussion, la cybercriminalité, et la complicité.
Bah Mohamed pour Siaminfos.com