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Des citoyens sur la tenue des élections en Guinée en 2025: « Nous sommes partis d’une transition à une trahison… »

En Guinée, la transition prendra-t-elle fin cette année 2025 ? Pas sûr, si l’on en croit aux propos du porte-parole du gouvernement. La semaine dernière, lors d’un déjeuner de presse, Ousmane Gaoual Diallo a déclaré que toutes les élections n’auront pas lieu avant décembre. « Je pense qu’il est impossible », a-t-il dit. Dans le meilleur des cas, a-t-il renchéri, le référendum constitutionnel sera organisé en mai. « Pas avant, car il reste à finaliser le dossier électoral et à adopter la loi spécifique permettant la tenue du référendum. Ensuite, il faudra environ trois semaines pour adopter le nouveau code électoral, ce qui nous amène au mois de juin », a-t-il indiqué.

En juillet, août et septembre, poursuit le porte-parole du gouvernement, « il est impossible d’organiser des élections à cause de la saison des pluies. Donc, au mieux, dans le meilleur des cas, les premières élections pourraient avoir lieu en octobre ». Ces propos contredisent ceux du général Doumbouya, qui, lors de son discours de nouvel An, avait rassuré que 2025 serait une année électorale. Cette contradiction fait réagir de nombreux citoyens en Guinée qui soupçonnent un nouveau glissement de la fin de la transition.

Abdourahmane, citoyen au quartier Cosa, fait partie des Guinéens qui n’accordent désormais aucun crédit aux déclarations faites par les autorités de la transition sur l’organisation des élections en 2025. Pour lui, la sortie du ministre porte-parole du gouvernement est une déception.

« Je me retrouve à la fois inquiet et déçu parce que je trouve qu’il n’y a aucun doute dans les déclaration, alors que le président de la transition avait déclaré que les élections auraient lieu en 2025. Son porte-parole est venu nous dire que la seule élection qui pourrait avoir lieu en 2025 serait le référendum. Donc, l’inquiétude qu’on a aujourd’hui, on les voit focalisés sur le référendum parce qu’on pense que c’est déjà un pion pour la marche de l’organisation qu’ils sont en train de mettre en place.

Je trouve qu’il n’y a aucun doute dans les déclarations. Je suis très inquiet et déçu à la fois. Car, j’ai l’impression que nous perdons du temps. Nous nous dirigeons vers un nouveau glissement du calendrier électoral », a-t-il fait savoir.

Une possibilité vers un nouveau glissement électoral ? Pour Abdoul Majid, le président de la transition et le porte-parole du gouvernement ont été plus que clairs pour éclairer la lanterne des Guinéens sur cette question.

« Je pense que nous ne pouvons pas être plus sincères que d’aller au-delà de ce point. Le porte-parole a décrit la réalité des choses et ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas être fait. La sincérité avec le peuple. Monsieur le Président de la République, a été clair dans son discours à la Nation. A partir du premier trimestre 2025, nous lèverons l’interdiction ou les restrictions imposées aux partis politiques pour pouvoir fonctionner s’ils échouent. Et puis après cela, nous irons aux élections. Mais dire telle ou telle élection, cela n’a pas été dit par le président. Je vous rappelle, que depuis 1984, la Guinée a organisé 15 élections, 3 référendums, 2 communales, 4 législatives et 6 présidentielles. Mais toutes ces élections nous ont amenés dans une contestation systématique par des acteurs politiques qui n’étaient pas préparés, qui sont en rupture avec le mouvement. Pour organiser une élection crédible, transparente, il y a des préalables consensuels. Il y a le recensement, l’exportation des données, le traitement des données, l’établissement du fichier électoral, la production des cartes électorales, la logistique et tout. Tout le monde vient d’entendre que la Guinée est un pays saisonnier », a-t-il défendu.

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Pour cet autre citoyen, toutes ces conditions préalables à remplir auraient pu être déjà faites en 2024. Puisque précise-t-il, la transition devait se terminer plus tard, le 31 décembre 2024. Sur les ondes de la Radio France Internationale, Mina pointe du doigt un manque de volonté de la part des autorités militaires à passer le pouvoir aux civils.

« Non, il n’y aura pas d’élection. C’est ce que je dis. Le CNRD et son gouvernement n’ont pas la volonté d’organiser des élections en 2025. Parce que tout ce qu’ils ont en tête, c’est comment s’éterniser au pouvoir. Les gens cherchent des occasions pour endormir la conscience du peuple guinéen, pour lui faire croire que c’est la solution. Vous savez, le problème en Guinée, c’est que quand un dirigeant arrive, quand quelqu’un a le pouvoir, il cherche cette possibilité au prix de l’argent des banques. Il essaie d’abord de récupérer quelques membres. Et puis même les opposants qui sont frustrés, qui n’ont rien à prouver sur le processus électoral en Guinée, on les récupère et ils font le sale boulot. Donc malheureusement, ces gens-là n’ont pas de volonté. Imaginez, ils vont à Kankan tout récemment, ils disent qu’ils ont organisé une marche vers la paix. Et quelle est la situation à Kankan pour organiser une marche vers la paix ? Et c’est là que le ministre parle de la présidence, dit que la position du CNRD par rapport à la candidature du général Doumbouya est très claire. Il dit que « si nous voulons rassembler le peuple guinéen, il faut la candidature du président », a-t-il déploré.

Tout comme Abdoulaye et Mina, Alassane parle aussi de la trahison. A l’en croire, le CNRD est beaucoup plus préoccupé à la candidature du général Mamadi Doumbouya qu’à l’organisation des élections cette année.

« En fait, cette junte nous a bernés depuis trois ans. Aujourd’hui, vous avez vu vous-même le paradoxe qui est à la tête de l’État. Par exemple, lorsque le président de la transition nous dit que cette année, nous allons terminer le processus de retour à l’ordre constitutionnel et que le porte-parole de son gouvernement nous dit qu’il n’est pas possible d’aller à toutes les élections cette année. Alors, qu’est-ce que ça veut dire ? Depuis le début, on nous berne. On est passés d’une transition à une trahison. Aujourd’hui, on parle d’une refondation.

Cela veut dire que cette junte ne pourra jamais nous envoyer aux élections si elle n’est pas convaincue de ce qu’elle est en train de faire sur le terrain en ce moment. C’est-à-dire préparer les consciences par rapport à la candidature illégale du chef de la junte », a-t-il laissé entendre.

Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com 

Tel:621818835

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