Changement climatique, coup d’État, mise en place de la zone de libre échange… : le message du président de l’UA pour la journée de l’Afrique (discours)
Créée le 25 mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine, devenue l’Union Africaine (UA) en 2002 fête ses 60 ans d’existence ce jeudi, 25 mai 2023. A cette occasion, le président de l’Union des Comores, président en exercice de l’UA a livré un message au peuple africain. Ce message est axé fortement sur la recrudescence des coups d’État en Afrique, les conséquences du changement climatique, la guerre au Soudan, les conséquences de la guerre russo-ukrainienne, la création de la zone de libre échange continentale, entre autres.
Ci-dessous, le discours de AZALI Assoumani !
ALLOCUTION de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani
Président de l’Union des Comores,
Président de l’Union Africaine,
A l’Occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique.
➢ Excellences,
➢ Distingués Invités en vos rangs et qualités,
➢ Mes Chers Frères et Sœurs africains du Continent et de la Diaspora,
➢ Honorable assistance, Mesdames et Messieurs,
Qu’il me soit permis, au nom de mes Pairs africains et au mien propre, de réitérer, tout d’abord, mes vifs et sincères remerciements, à Son Excellence mon Frère ABIY Ahmed, Premier Ministre de la République Démocratique d’Ethiopie, à son Gouvernement et au peuple frère éthiopien, pour l’accueil amical et très chaleureux dont nous sommes toujours l’objet, lors de nos différentes visites et transits ici à Addis Abeba.
C’est un grand honneur et une très grande fierté pour moi, d’avoir l’opportunité de célébrer la Journée de l’Afrique, ici, dans cette belle et fascinante ville d’Addis Abeba, où est né, il y a une soixantaine d’années, le rêve africain, le rêve d’une Afrique unie, prospère et porteuse d’espoir pour ses peuples.
Ainsi, je vous adresse à tous, mes chaleureuses félicitations ainsi que mes vœux de bonne santé et de bonheur, et à notre Cher Continent, mes souhaits de paix, de progrès et de prospérité.
Je voudrais, avant d’entrer dans le vif du sujet, vous inviter à observer une minute de silence, en mémoire des Pères Fondateurs de notre Organisation.
Qu’ils soient chaleureusement remerciés pour le précieux héritage qu’ils nous ont légué, et que nous devons entretenir jalousement, pour les générations à venir.
C’est pour moi aussi, l’occasion de rendre un vibrant hommage aux différents Secrétaires Généraux de l’Organisation de l’Unité Africaine ainsi qu’aux différents Présidents de la Commission de l’Union Africaine, et plus particulièrement, mon Frère, Son Excellence Monsieur Moussa Faki Mahamat, pour les efforts constants qu’ils ont consentis et continuent de déployer, afin de raviver encore et toujours, la flamme de la solidarité et de l’unité de l’Afrique.
Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,
Nous célébrons cette année, la Journée de l’Afrique, sous le thème « Notre Afrique, notre futur ».
C’est le moment pour nous, de dresser le bilan de ce parcours de vie, de nous réjouir de nos acquis mais aussi et surtout, de tirer les leçons de nos échecs, pour mieux envisager l’avenir, et offrir des perspectives prometteuses à nos chers peuples.
Nos pays africains, comme vous les savez tous, sont confrontés à différents défis majeurs.
Les changements anticonstitutionnels de pouvoirs se multiplient ces dernières années, les conflits inter et intra africains mais aussi le terrorisme perdurent, et par conséquent, la paix, la sécurité, la démocratie et le développement de notre continent sont menacés, dans plusieurs de nos contrées.
A cet égard, nous devons convaincre nos frères du Soudan de privilégier le dialogue, pour que cesse la guerre fratricide qui sévit dans ce pays, depuis quelques semaines maintenant, et qui ne fera que fragiliser davantage ce grand pays frère.
Nous subissons, également, les conséquences tragiques des changements climatiques, et en tant que pays moins pollueurs, mais plus affectés, il nous revient, tout en poursuivant nos efforts d’adaptation et d’atténuation, de veiller à ce que les promesses faites, dans le cadre des différentes COP, se réalisent, dans l’intérêt de nos populations.
Nous subissons en outre, les conséquences de la guerre russo-ukrainienne qui a provoqué une forte inflation avec comme conséquences, des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire, et tout ceci après avoir vécu, une crise sanitaire de COVID-19, particulièrement grave.
Nous subissons, enfin, une crise énergétique sans précédent, en dépit de l’immense potentiel en énergies renouvelables, dont nous disposons, ce qui se traduit par des faibles investissements et beaucoup de chômage.
Ainsi, nous devons réfléchir ensemble, sur les actes à poser pour éradiquer la pauvreté, qui touche une très grande partie de nos populations et qui constitue le principal terreau du terrorisme dans notre continent.
Nous devons tout faire, pour restaurer la confiance dans notre continent, et valoriser nos potentiels, dans tous les domaines.
C’est ainsi que nous parviendrons à atteindre les Objectifs que nous nous sommes fixés, aussi bien dans le cadre de l’Agenda 2030 que des Objectifs de Développement Durable.
Excellences Mesdames et Messieurs, Honorable assistance,
Certes, il serait présomptueux de prétendre que depuis que notre Continent a recouvert son indépendance, nous avons tout réussi, toutefois, il serait tout autant injuste, envers nous-mêmes, de céder au pessimisme.
Soyons, alors, fiers du bilan de ces six dernières décennies d’existence de notre Organisation, tout en continuant à tracer, avec lucidité et pragmatisme, le chemin de notre avenir.
Entre 1963 et 2002, l’Organisation de l’Unité Africaine a réussi à atteindre deux objectifs majeurs dans un contexte historique particulier, à savoir, le parachèvement de la décolonisation de l’Afrique et la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud.
Ces deux combats exigeaient beaucoup d’engagement, d’énergie, de volontarisme et de don de soi, pourtant ils ont pu être menés avec succès, grâce à l’unité et à la solidarité africaine.
Il est vrai qu’en dépit de ces résultats positifs et appréciables, force est de constater que certaines injustices subsistent toujours et que certains de nos Etats, se battent encore pour l’intégrité territoriale de leur pays.
C’est d’ailleurs le cas de mon pays et de certains de ses voisins, notamment, qui rêvent de pouvoir un jour, parvenir à rétablir leur pleine souveraineté.
En attendant, poursuivons nos ambitions, d’unité, de paix et de développement.
Nous allons, ensemble, réussir à créer les conditions d’une libre circulation des biens et des personnes dans l’espace continental, à travers la mise en place de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine.
Ratifions l’Accord, pour ceux qui hésitent encore, afin de faire de cette ambition, une réalité, et donner une chance à notre Continent, de connaître une croissance économique durable et de nourrir l’espoir de devenir l’un des plus grands marchés du monde, dans les années à venir.
Grâce à ce grand marché africain, nous favoriserons l’industrialisation de nos pays, accroitrons les échanges, développerons l’esprit d’entreprenariat chez nos jeunes et créerons, surtout, des emplois, par le biais des grands investissements continentaux, et globaux.
Mes Chers Frères et Sœurs,
Le moment est venu de permettre à la voix de l’Afrique, de résonner partout dans le monde.
C’est dans ce sens, qu’immédiatement après ma prise de fonctions à la tête de notre Organisation, j’ai pris le relais du plaidoyer que faisait mon prédécesseur, mon Frère le Président Macky Sall, pour convaincre nos homologues du G20, de l’impérieuse nécessité pour l’Union Africaine, de devenir un membre à part entière, de cette Institution.
C’est à travers cette présence permanente que notre Organisation, l’Union Africaine, aura la possibilité de donner son avis, sur les grandes décisions économiques et financières le concernant, notamment.
C’est dans ce sens aussi que je poursuis le plaidoyer, en faveur de la réalisation des réformes qui permettront à notre continent d’avoir un, voire même plus de sièges permanents, au Conseil de Sécurité des Nations Unies, et mettre ainsi fin à l’injustice qui a toujours été infligée à notre continent.
Mesdames et Messieurs, Chers Frères et Amis,
Notre Continent regorge de potentialités humaines et de ressources naturelles immenses qui, bien exploitées et mises en valeur, feront de notre Continent, l’une des puissances économiques du monde.
Nous avons la possibilité, la capacité mais aussi l’obligation de mettre fin aux crises de toutes sortes qu’il traverse, pour pouvoir nous atteler sereinement, au développement socio-économique.
Saisissons les précieuses opportunités qui nous sont offertes, mettons à contribution nos talents, l’expérience et l’expertise africaine, pour améliorer son image.
Je saisis cette occasion pour rendre un hommage mérité à mes homologues, Champions, qui travaillent, sans relâche, chacun dans son domaine respectif, pour atteindre cet objectif à travers la promotion de la paix, de la sécurité, du développement et à travers les réformes en Afrique, dans l’intérêt de nos populations.
Œuvrons ensemble, pour donner de l’espoir aux générations actuelles, afin de les empêcher, notamment, de mettre en péril leurs vies, en allant à la recherche d’un monde meilleur, ailleurs.
Œuvrons, surtout, en toute synergie, non seulement pour perpétuer le rêve de nos Pères Fondateurs, d’une Afrique unie et prospère, mais aussi pour laisser un bel héritage aux générations à venir.
Très bonne fête à toutes et à tous, je vous remercie.