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Dissolution du gouvernement en Guinée : le juriste Fayimba Mara invite l’exécutif à éviter de telles pratiques « humiliantes » à l’avenir

Dans un décret rendu public lundi, 19 février 2024, le chef de la junte guinéenne a dissous le gouvernement de transition. Le général Mamadi Doumbouya ne s’est pas limité à cette dissolution, il a pris également des mesures conservatoires contre les anciens membres du gouvernement en confisquant leurs documents de voyage et en gelant leurs comptes bancaires. Alors que de nombreux acteurs socio-politiques saluent cette décision, d’autres par contre trouvent la manière humiliante. C’est le cas notamment du juriste constitutionnaliste Fayimba Mara.

Interrogé, Fayimba Mara a déploré cet état de fait : « On a tous été surpris lundi parce que du point de vue pratique gouvernementale, on n’a pas connu ça de par le passé. C’est vrai que cette pratique s’instaure avec le CNRD. Mais je suis très surpris en ce sens que c’est une première dans la mesure où on ne peut pas comprendre que des hautes personnalités comme des ministres qui ont incarné à un moment donné l’image de la nation, l’image du gouvernement, qui ont beaucoup servi la République, soient humiliées de la sorte. Quel que soit ce qu’on leur reproche, tant que les faits ne sont pas établis, je crois que cette façon de les remercier perd son caractère humain naturellement. Donc, aujourd’hui on a tous la peur au ventre pour dire que ce n’est pas une pratique qui est consacrée. Il ne faut pas souhaiter que cette pratique perdure parce que honnêtement on ne peut pas exercer une fonction de ministre, c’est un don de soi. Il y a tellement de sacrifices, on n’a pas de vie de famille, on se donne pour la nation. Donc, il n’y a pas de raison qu’on soit remercié de la sorte, ça mérite d’être corrigé », a-t-il estimé avant de poursuivre :

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« Des ministres de la République vu leur statut élevé dans la hiérarchie administrative, sont des justiciables mais pas ordinaires. Dans tous les pays du monde, généralement il y a toute une formalité autour de l’engagement de leur responsabilité surtout qu’à date rien ne prouve que tel ou tel ministre est impliqué dans tel ou tel détournement, il n’y a pas eu d’enquêtes appropriées pour que les faits soient établis, avérés à partir d’une procédure régulière qui part du fait de la police, de la gendarmerie jusqu’au niveau du tribunal, et qu’à l’issue d’un jugement, des condamnations soient prononcées. C’est à partir des simples soupçons qui ne sont pas de simples dénonciations. On n’ose même pas parler de dénonciations cette fois-ci parce que si même le ministre de la Justice qui est le patron des poursuites en tant que haute hiérarchie du parquet par exemple se trouve aujourd’hui dans la même situation que ses collègues ministres. Donc, c’est cette façon de leur faire partir, de les remercier qui pose problème aujourd’hui parce qu’effectivement dans la pratique ce n’est pas sacré. Traditionnellement, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, je crois que ce n’est pas une pratique à laquelle nous sommes habitués. »

 

Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com

 

 

 

 

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