Dissolution du Gouvernement : Le Président sera le seul comptable devant l’histoire et devant le peuple de Guinée
Depuis le 5 septembre 2021, la République de Guinée vit sa troisième transition militaire, un événement qui a recueilli l’adhésion massive de l’opinion publique nationale.
Cependant, à l’issue de deux années d’exercice du pouvoir, un sentiment d’inquiétude commence à naître au sein de la population quant à la réussite de la transition.
La plupart des engagements tenus par le Président de la transition envers le peuple de Guinée semble s’étioler dans le sillage d’une détérioration des conditions de vie existentielles des citoyens, et dans laquelle les exigences sociales se font de plus en plus pressantes. Devant une telle situation, où le gouvernement se trouvait dans une position de capacité restreinte, peinant à apporter des solutions adéquates aux aspirations légitimes des citoyens guinéens, il était impératif que le Président de la Transition prenne ses responsabilités par la dissolution du Gouvernement pour éviter le pire, puisqu’il appartenait à ce Gouvernement, d’honorer le Président, par la réalisation de ses engagements pris devant son peuple.
Cependant, dans ce contexte de dissolution du Gouvernement, les défis restent toujours poser et prennent une ampleur accrue.
Quel type de gouvernement convient-il pour répondre aux attentes de la population et honorer les engagements du Président, en matière de réalisation du chronogramme de la transition dans le temps, et faire face à la dégradation du niveau de vie de nos concitoyens, ainsi qu’à la problématique de restriction des libertés publiques et individuelles ; bref, à l’ensemble des crises qui secouent actuellement notre nation.
De ce fait, le Président de la Transition reste le seul comptable devant l’histoire et devant le peuple de Guinée, il l’incombe essentiellement de rassurer la population et d’assurer la légitimité de ses actions. C’est pourquoi, il est impératif qu’il demeure inébranlable quant aux engagements pris par le CNRD; qu’il se montre résolu dans ses prises de décisions et qu’il évite toute hésitation.
Dès lors, le principe fondamental qui doit caractériser la mise en place du prochain Gouvernement, réside dans la nécessité :
– D’éviter la constitution d’un gouvernement basé sur des obédiences politiques et sociales. Autrement dit, les critères prévalant à la sélection des futurs membres du gouvernement ne doivent en aucun cas refléter des appartenances à des entités politiques ou sociales.
L’objectif final de cette transition est la tenue d’élections communales, législatives et présidentielles. Compte tenu du rôle crucial que le futur gouvernement aura à jouer dans la préparation de ces scrutins, il est impératif que sa composition soit débarrassée de choix partisan afin de préserver l’intégrité du processus électoral ;
– Éviter la préférence accordée aux titres académiques et aux CV enjolivés qui ne reflètent pas véritablement les aptitudes et compétences intrinsèques des personnes concernées.
Le prochain gouvernement doit être composé :
– D’hommes et de femmes intègres, loyaux, et d’une probité morale exemplaire, ayant démontré leur compétence au cours de leur carrière et qui ne doivent allégeance à aucune entité politique ou sociale. Capables d’organiser des élections crédibles et de poser les fondements d’un développement durable et d’une démocratie effective ;
– De personnalités patriotiques, jouissant d’une grande crédibilité auprès de la population, capables de rassembler les guinéens autour des objectifs de paix sociale et de réconciliation nationale ;
– Le poste de Premier Ministre doit être occupé par une personnalité de rigueur, de discipline et patriote. Il doit être d’une grande expérience, doté d’une ouverture d’esprit et d’un réseau de relation internationale. Qui peut être en capable d’établir la confiance entre le Gouvernement et les citoyens, ainsi qu’entre le Gouvernement et les partenaires de la Guinée.
– Toutefois il ne faut pas exclure l’ouverture de certains postes à des personnalités crédibles, intègres et patriotes au sein de l’armée qui a aussi sa place et son rôle à jouer dans la conduite de la transition.
Pour terminer, il faut éviter de détourner les objectifs de départ de la transition. La prise du pouvoir par le CNRD avait été motivée par des raisons qui ont essentiellement accueilli l’adhésion massive des guinéens. La meilleure façon de rétablir cette adhésion, est de prendre ses responsabilités face aux objectifs de départ.
Le mécanisme de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite doit être rassurant, transparent et dépassionné. Le Président de la transition doit rester intransigeant et refuser de trahir ses engagements quelques soient les circonstances, comme il l’a déclaré dans l’un de ses discours officiels adressés à la Nation, je cite :<<La Guinée ne déraillera pas, parce que je ne faillirai pas. Elle ne vacillera pas, parce que je ne tremblerai pas. Ma détermination pour ce pays est sans limite…>>fin de citation.
Ange Gabriel HABA,
Secrétaire Exécutif du CNOSCG.