Dans le but de faire face aux problèmes qui nécessitent des solutions idoines urgentes, des ressortissants de Koundara ont décidé de prendre leur destin en main. En effet, ils sont nombreux ces ressortissants ou résidents de Koundara qui éprouvent d’énormes difficultés dans l’acquisition des documents d’état civil. D’où la nécessité d’organiser la deuxième édition du Festival des Arts du Badiar (FESTAB). En effet, les organisateurs dudit événement ont conféré avec la presse ce samedi, 9 septembre 2023. Objectif, annoncer les couleurs de ce deuxième FESTAB.
Djibril Wagué, commissaire général du FESTAB, est revenu longuement sur le bien-fondé de cette initiative : « La deuxième édition du Festival des Arts du Badiar est une autre occasion encore de rendre plus visible et plus attractive la ville de Koundara. C’est une occasion ultime pour nous de viabiliser les cultures qui y sont et de participer au développement économique, social et spatial de la préfecture de Koundara. Donc, cette édition se déroulera du 13 au 16 décembre 2023. Premièrement, il y a des avantages purement économiques parce que ça permet à la préfecture de vivre d’une vitalité très arpentée. Il y a des avantages sociaux parce que ça renforce la cohabitation pacifique, le vivre ensemble, et ça donne également la visibilité de certaines communautés minoritaires qui sont de valeurs très authentiques qui sont méconnues par la République de Guinée et d’autres zones. Autre chose qu’il faut notifier également, c’est le rapprochement des frontières. Ça permet de faire un jumelage avec les villes telles que le Sénégal, la Guinée Bissau, parce que nous sommes à la frontière et ça fait beaucoup plaisir. Ça permet encore une fois de renforcer ce lien, de donner une vie plus particulière, plus vive à la préfecture de Koundara », a-t-il fait savoir avant de poursuivre :
« De coutumes, nous organisons toujours les luttes traditionnelles. On a redimensionné en trois catégories : il y a le poids lourd, le poids léger et le poids moyen. Il y a les prestations folkloriques des différentes communautés avec des accoutrements. Cela permettra d’informer aux gens qu’est-ce que nous avons, quelle est l’opportunité que la Guinée regorge, et cette diversité ethnique est une opportunité pour la République de Guinée. On a la direction artistique qui est en cours de négociation. Ce qui est sûr, on a déjà la direction de Babamal à travers la direction artistique qui va organiser son workshop. Côté Sénégal, des artistes accompagnent et sont disposés à venir participer à ce festival. Côté guinéen, on a déjà l’accord de beaucoup d’artistes qui nous ont accompagnés dans la première édition. Donc, sans doute, on ne se demande pas également s’ils viendront avec nous à la deuxième édition. Et la direction artistique est en train de meubler les différents artistes qui seront avec nous pendant cette deuxième édition. Les autorités doivent comprendre que la culture représente le pétrole du domaine. La meilleure façon de participer au développement économique et social d’un pays, c’est de participer à la promotion de sa culture, c’est de renforcer les activités culturelles, les industries culturelles et créatives. Donc, cet événement est initié par des jeunes, nous lançons un appel à ces autorités pour dire que nous pouvons rehausser notre pays au plus haut niveau, nous pouvons développer un concept gagnant, ça dépendra de l’investissement que nous mettrons dans le cadre de la promotion culturelle », a-t-il indiqué.
Plus loin, Amadou Tidiane Diallo de la commission communication a déploré le fait que des résidents ou ressortissants de Koundara ont souvent du mal à se procurer de documents d’état civil.
« Malheureusement, la majeure partie de ces ethnies qui ont su garder l’authenticité de leur patronyme rencontre des difficultés dans l’acquisition des documents administratifs à savoir : le passeport et la carte d’identité nationale. Il est arrivé dès fois où nos parents de Koundara se retrouvent devant des commissariats ou gendarmeries voire même la maison centrale. Et ces autorités qui le font prétextent qu’ils ne sont pas des Guinéens et qu’ils sont à la recherche des documents qui ne leur sont pas dus. Et ce constat est très malheureux. Nous nous sommes dit que d’une part c’est la défaillance au niveau des administrateurs mais aussi de l’autre part, c’est parce que nous les fils de Koundara, n’avons pas pris nos responsabilités pour mettre en exergue les valeurs culturelles que renferme ces différentes communautés qui y vivent. Pour palier à tout ça, nous avons mis ce concept en place qui est à sa deuxième édition. La première a été faite l’année dernière, l’objectif c’est de pouvoir résoudre ce problème, faire connaître la culture du Badiar au monde entier, mais aussi à nos administrateurs que nous avons dans nos différents services. C’est pourquoi durant ces quatre jours pour cette année, il y aura beaucoup d’autres activités liées à la culture. Également, il y aura un aspect qui va permettre de connaître les sites touristiques que nous avons à Koundara. Beaucoup ont entendu parler par exemple le site des abeilles guerrières de Youkounkoun. Ces sites existent à Koundara mais qui ne sont pas malheureusement valorisés. Il y a des sites à Marou où il y a selon l’histoire, des traces des hommes primitifs », a-t-il fait savoir.
Parlant de ces difficultés dans l’acquisition des documents d’état civil, Edouard Kaly Boubane en est une illustration palpable. Pour se procurer d’un passeport par exemple, il a été mis en garde à vue à la maison centrale de Conakry. Il a déploré cet état de fait avant de lancer une invite aux autorités guinéennes.
« J’ai été mis en garde à vue à la maison centrale. J’ai aussi eu des difficultés à l’obtention de mon passeport, je ne suis pas le seul, il y a beaucoup qui en souffrent par exemple les Koniagui, les bassari, les badiaranké et les foulakounda qui ont aussi des noms qui ne sont pas particuliers comme les autres. Si vous partez à Koundara, à l’école, ils sont nombreux ces élèves qui portent différents noms. Et malheureusement, la plupart de nos compatriotes bassari qui sont à Conakry sont obligés d’aller jusqu’à Koundara pour faire leurs pièces d’identité, vu qu’ici ils auront beaucoup de difficultés. A chaque fois que les étudiants finissent les études, ils sont obligés de se retourner à Koundara. L’administration est une continuité, il faut toujours quelqu’un qui connait un peu la Guinée. Imaginez quelqu’un qui n’a connu que la Basse Guinée et la Moyenne Guinée, un citoyen de Koundara qui arrive avec un nom comme le mien, aura des difficultés. J’invite les autorités à faire des enquêtes sur les différents noms de patronyme, enregistrer et en faire une base de données. Par exemple moi qui suis passé déjà à Boubane, à chaque fois que quelqu’un vient avec ce patronyme pour avoir une pièce d’identité, même s’ils vont se référer à moi pour des questions d’enquête pour savoir réellement si l’intéressé est de Koundara, nous sommes une communauté, on se connait les uns les autres », a-t-il rappelé.
En effet, la préfecture de Koundara est située au nord-ouest de la Guinée. Limitée à l’Est par la préfecture de Mali, au Nord par la République du Sénégal, à l’Ouest par la Guinée Bissau et au Sud par la préfecture de Gaoul. Elle couvre une superficie de 5 500 km2 pour une population de 129 974 habitants soit une densité de 23.63 habitants par km2, et 17 635 ménages sur la base du recensement de 2014. La population est repartie entre 6 communes rurales et une commune urbaine.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com