Kouroussa : poursuivi pour corruption, vol, pillages, vente de machines, le préfet Idrissa Camara dit tout à Siaminfos.com (Entretien)
Ces derniers temps, le préfet de Kouroussa, Colonel Idrissa Camara, est à couteaux tirés avec la justice. Il est poursuivi pour des faits de corruption, de pillages, de vol et de vente de machines. Depuis le début de cette situation, le préfet ne cesse de se confier à la presse pour clamer son innocence. Ce weekend, c’était au tour de la rédaction de Siaminfos.com, par l’intermédiaire de son correspondant dans la région de Kankan de rencontrer Idrissa Camara pour l’écouter sur ses ennuis judiciaires.
Et dans cette interview exclusive, le préfet a révélé des détails sur les faits qu’on lui reproche.
Siaminfos.com : Monsieur le préfet, ces derniers jours, nous avons appris que vous avez comparu devant la justice de paix de Kouroussa. Pouvez-vous nous expliquer comment tout cela est arrivé ?
Préfet : Tout dernièrement, j’ai comparu devant la justice. Je vous invite à aller constater par vous-même les ferrailles qui se trouvent devant ma porte jusqu’à présent. Simplement parce que j’ai déplacé une machine, on m’accuse de vol et de pillage, alors que tout est en place. J’ai payé 1 700 000 GNF pour le transport judiciaire. Le citoyen qui m’a aidé à déplacer ma famille pour éviter un risque a été convoqué à 18 heures passées par le juge pour être mis en prison. Il a fallu que je me déplace pour intervenir. Et de plus, le même jour, à 22 heures, il a pris une jeep pleine de policiers pour venir encore chercher ce citoyen. Où allons-nous ? Il est important de respecter l’autorité de l’État.
Monsieur le préfet, en tant que première autorité de la ville, pourquoi avez-vous accepté de comparaître ?
Je suis le premier responsable ici, représentant de l’État et de tous les ministres. J’ai accepté de comparaître pour que la population sache que je n’ai rien à me reprocher. Donc, si vous êtes venu jusqu’ici, vous pouvez constater les faits sur place. Il y a un lampadaire dans ma cour qui est là depuis neuf ans, ils disent que je l’ai vendu à la société KGM, mais où en sommes-nous ? Et le juge ne prend pas ses responsabilités pour rendre justice à ce sujet. L’autre machine est là-bas, et la famille est toujours en danger à cause de l’insécurité, mais rien n’est dit, tout est bloqué.
Monsieur le préfet, constatez-vous un acharnement de la justice contre vous ? Si oui, pourquoi ?
Nous sommes pour la paix, la quiétude sociale. Si quelque chose menace cela, nous ne pouvons pas rester passifs. Je vous encourage à prendre le temps de visiter n’importe quel district de Kouroussa pour évaluer le comportement de la justice. J’ai écrit deux fois, non pas contre lui, mais pour qu’il puisse être sensibilisé par ses supérieurs hiérarchiques afin qu’il change de comportement. Vous avez vu le cas entre Morigbeya et Fadou-Saba, ce n’était pas un jugement. Il ne rend pas de jugement, il rend des grosses. Cela crée des conflits, et c’est moi qui en souffre. C’est à moi de ramener la paix, ce sont mes hommes, les forces de sécurité et de défense, qui sont sur le terrain. Je ne peux pas continuer ainsi. J’ai écrit pour dénoncer son comportement afin que nous puissions vivre en paix. C’est peut-être cela qu’il a mal pris. Dans le passé, il avait été relevé de ses fonctions, car lors du problème de Koumana, il avait fait arrêter plus de 100 personnes sans jugement, et ils ont tous été demandé de payer une amende. Je ne supporte pas cela, je suis ici pour mes citoyens. Pour moi, le fait d’avoir écrit pour dénoncer ses actions, c’est ce qui l’a offensé.
Selon vous, qui pourrait être derrière cette plainte qui vous vise devant la justice de paix de Kouroussa ?
Vous savez, à l’époque d’Alpha Condé, lors de la célébration de l’indépendance, des travaux de construction étaient réalisés dans les villes. C’est ce dont Kouroussa a bénéficié en 2015, il y a 9 ans. Celui qui gérait ces travaux, un certain Ibrahima Barry, c’est lui qui a abandonné les machines ici. Il semble qu’il les avait obtenues avec quelqu’un à Conakry, mais il n’a pas payé l’argent de ce dernier, alors il a abandonné les machines ici. Maintenant, il est en connivence avec des personnes qui travaillent avec le juge. Soudainement, j’ai reçu une citation directe à la justice de la part d’un huissier, m’accusant d’avoir dépouillé ces machines et de les avoir vendues à la casse.
Monsieur le préfet, à quel niveau se trouve l’affaire aujourd’hui ?
L’affaire est suspendue, je ne sais pas quand elle sera reprise. Depuis que le transfert judiciaire a été effectué, il a compris que ce n’était pas nous. Il a voulu mettre celui qui a déplacé les machines dans le problème, mais il n’a pas pu condamner car il a été reproché par ses supérieurs hiérarchiques. Depuis ce jour, rien n’a été dit.
Entretien réalisé par Pathé Sangaré, pour Siaminfos.com