Dans une élection serrée qui tenait les Pays-Bas et l’Europe en haleine, le parti centriste D66 (Démocrates 66) de Rob Jetten a été déclaré vainqueur ce vendredi, devançant le Parti pour la liberté (PVV) d’extrême droite de Geert Wilders. Selon l’agence de presse néerlandaise ANP, dont les projections ont été reprises par la majorité des médias locaux, l’écart de 15 155 voix en sa faveur est désormais indécombrable .
À 38 ans, Rob Jetten est en position de devenir le plus jeune Premier ministre de l’histoire du royaume, ainsi que le premier ouvertement gay à diriger la cinquième économie de la zone européenne . Son parti, formation social-libérale, a réalisé une remontée spectaculaire en pratiquement triplant son nombre de sièges, passant de 9 lors du scrutin de 2023 à 26, sur les 150 que compte la Seconde Chambre .
Devant une foule de supporters enthousiastes qui scandaient son slogan de campagne « Yes, we can », Jetten a déclaré : « Je pense que nous avons désormais démontré au reste de l’Europe et au monde entier qu’il est possible de battre les mouvements populistes en menant campagne avec un message positif pour son pays » . Il a ajouté ressentir « une grande responsabilité » et a immédiatement fixé comme priorité la formation d’un gouvernement « stable et ambitieux ».
Pour Geert Wilders, qui avait provoqué ces élections anticipées en faisant chuter la coalition au pouvoir sur la question de l’immigration, ce résultat marque un net recul. Son parti, qui détenait 37 sièges dans la chambre sortante, en perd 11 et régresse à 26 sièges . Le leader d’extrême droite a vivement réagi sur les réseaux sociaux, qualifiant d’« arrogance » la déclaration de victoire de son rival avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil électoral, attendue lundi .
Si l’extrême droite traditionnelle perd du terrain, d’autres formations plus radicales ont, en revanche, progressé. Le Forum pour la démocratie (FvD) et le parti JA21 ont tous deux significativement augmenté leur nombre de sièges, indiquant qu’une frange de l’électorat reste attirée par des discours nationalistes .
La victoire aux urnes n’est que la première étape pour Rob Jetten. Le véritable défi, typique du paysage politique néerlandais morcelé, commence maintenant : former une coalition majoritaire. Avec seulement 26 sièges, D66 devra s’allier avec au moins trois autres partis pour atteindre la barre des 76 sièges nécessaire à l’investiture.
D’ores et déjà, les difficultés s’annoncent. La cheffe du VVD, Dilan Yesilgöz, a exclu avant le scrutin une alliance avec la gauche (GroenLinks-PvdA), lui préférant une coalition de centre-droit . Cependant, la démission annoncée de Frans Timmermans, le leader charismatique de l’alliance verte et travailliste, connu pour ses relations tendues avec Mme Yesilgöz, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives.
Le processus de formation est réputé pour sa lenteur aux Pays-Bas. Le Premier ministre par intérim, Dick Schoof, a d’ailleurs prédit qu’il serait toujours en fonction à Noël . La procédure officielle débutera mardi prochain par la désignation d’un « éclaireur » chargé de sonder les intentions des différents partis.
La victoire de Rob Jetten et de D66 envoie un signal fort en Europe, où les forces populistes et d’extrême droite semblaient en ascension. Elle démontre que le centre, en portant un message positif et progressiste, peut encore mobiliser les électeurs et repousser les vagues de populisme.
Ci-dessous, le tableau récapitulatif des principaux partis pour une coalition potentielle!
Parti Position politique Sièges (projection)
D66 Centre / Social-libéral 26
VVD Centre-droit / Libéral-conservateur 22
GroenLinks-PvdA (Verts/Travail) Gauche 20
CDA Centre-droit / Chrétien-démocrate 18.
Bah Mohamed