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Destruction de la mangrove en Guinée : « dans sous peu de temps, nous allons perdre 30 % de nos terres cultivables en zone côtière »

Pays côtier de l’Afrique de l’ouest, la Guinée dispose d’une étendue de 300 km de cote presque couverte de mangrove. Avec une superficie de superficie de 350.000 hectares dans les années 50, la mangrove guinéenne ne représente plus que de 250.000 hectares de nos jours, soit 150.000 hectares détruits. Chose qui est due à plusieurs facteurs, selon les explications de Pr Selly Camara, enseignant chercheur.

Interrogé par un reporter de votre quotidien siaminfos.com, cet expert en environnement et développement durable, a tout d’abord parlé de l’importance de cet écosystème particulier.

« La mangrove à l’instar des autres forêts de la Guinée, la mangrove ne se porte pas bien. En 1965 lors des premières évaluations, notre mangrove occupait 350.000 hectares. De 350.000 hectares, on est revenus à 250.000 hectares. Cela est dû à quoi ? Dans les années 90, y a eu le développement de la rizipisciculture de mangrove, donc y a eu plus de 150.000 hectares de terres qui ont été utilisés à des fins agricoles dont moins de 80 % ont été exploités. La mangrove n’est pas une forêt classée en Guinée, c’est-à-dire tout le monde a accès. La zone que tu occupes c’est pour toi. La rizipisciculture a contribué à la destruction de la mangrove mais aussi l’exploitation traditionnelle du sel. Pour un kilogramme de sel il faut 3,14 kilogrammes de bois de mangrove et le bois le plus utilisé c’est le Rhizophora  » Kinsi « . On a aussi les bois de service. Donc, cela contribue à la destruction de la mangrove », a-t-il fait savoir.

Selon notre interlocuteur, durant ces dernières années, l’action la plus fondamentale dans la destruction de la mangrove, reste la prolifération des ports.

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« En Guinée actuellement, il y a une dizaine de ports qui se développent dans certaines zones. Si vous allez à Boffa par exemple rien que dans la sous-préfecture de Khoundindé, il y a deux sociétés qui évoluent dans un rayon de moins de 10 km et chacun à son port.  Aujourd’hui, tu ne peux pas construire un port sans détruire la végétation. Il y a aussi l’effet des remblais. Dans les années 2000-2021, j’ai participé à une étude d’impact de l’extension du port de Kamsar. Y a 77 hectares de mangroves qui ont été détruits pour faire un remblai pour l’extension du port. Nous avons dit que l’impact ne se fera pas attendre parce que la nature à l’horaire du vide », dit-il avant de renchérir sur l’importance de la mangrove.

« La mangrove, c’est un écosystème de première catégorie. Si on parle de séquestration de gaz à effet de serre, la mangrove séquestre environ deux fois plus que les forêts en terre ferme. Donc, c’est une très grande valeur écologique. Elle devait être protégée. Elle joue un grand rôle dans la protection des côtes, et la survie de nos populations côtières en dépend. Aujourd’hui, près de 10 à 15 % du riz national est produit dans la zone côtière. Avec l’élévation du niveau de la mer consécutive au changement climatique, y a l’inondation des terres. Donc dans sous peu de temps, nous allons perdre 30 % de nos terres cultivables en zone côtière », alerte Pr Selly Camara.

 

 

Ibrahima CAMARA pour siaminfos.com

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