Pisciculture : en 2022, 4106 tonnes de poissons ont été produites par les pisciculteurs guinéens, selon le DGA de l’ANAG (interview)
Méconnue du grand public, l’aquaculture est en train de se tailler une place de choix dans le quotidien du Guinéen. Si avant elle était peu pratiquée, de nos jours, de nombreuses personnes se lancent dans le secteur à travers le pays. Ce, en collaboration avec les autorités du pays à travers l’Agence Nationale de l’Aquaculture de Guinée. Créée il y a environ 5 ans, cette structure accompagne sur le plan technique ceux qui évoluent dans le secteur. Une manière de développer le secteur pisciculture en Guinée. Pour parler de l’Agence Nationale de l’Aquaculture en Guinée, des activités réalisés sur le terrain et en cours de réalisation, nous sommes allés à la rencontre du directeur général adjoint de ladite structure.
Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, Odia Mamadi Kaba a dit tout sur l’ANAG.
Siaminfos.com : Tout d’abord parlez nous de l’Agence nationale de l’Aquaculture de Guinée!
ODIA Mamadi Kaba : l’Agence Nationale de l’aquaculture de Guinée est chargée de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’aquaculture à travers le pays. Créée en 2018, l’agence nationale de l’aquaculture de Guinée est un EPA qui est sous la tutelle du Ministère de la Pêche et de l’Économie Maritime. Elle est dotée de la personnalité morale et jouit de l’autonomie financière et de gestion
Souvent, on vous voit sur le terrain avec vos équipes, dites-nous qu’est-ce qui est fait ou en train d’être fait pour le développement du secteur de la pisciculture en Guinée ?
Dans toutes les régions, nous évoluons dans des projets d’installations mais aussi des activités d’appui aux pisciculteurs, des promoteurs aquacole, des privés, des entrepreneurs qui se sont lancés dans le domaine. Actuellement nous avons un projet en cours en Guinée forestière, en Basse Guinée et deux préfectures de la Haute Guinée. Le projet de la pisciculture commerciale familiale financé par l’Agence Française de Développement. C’est un projet qui est sur trois composantes. Nous avons d’autres projets en cours. Le projet d’appui au développement de l’aquaculture en Haute et moyenne Guinée, financé par le PNUD, la Russie et le Japon.
Est ce que vous avez les moyens de votre politique ?
Actuellement, nous évoluons dans l’appui technique notamment des itinéraires techniques de production , la mise en œuvre des projets aquacoles. Nous sommes dépourvu en finance pour pouvoir aider les personnes qui veulent se lancer dans l’aquaculture. C’est vrai que nous avons un budget de fonctionnement mais c’est le budget d’accompagnement des producteurs qui fait défaut. La pisciculture est une activité naissante en Guinée, pour un départ nous appuyons les promoteurs techniquement, les mettre sur le chemin de la productivité et de la rentabilité du projet. Une fois que c’est rentable, c’est dans ce sens que la régularisation va commencer. On va mettre en place les textes d’application d’aquaculture qui prévoient la redevance, ce qui permettrait de créer des recettes.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’évolution de l’aquaculture en Guinée ?
A date, l’aquaculture évolue très bien. Comme je l’ai dit, l’aquaculture guinéenne est naissante et nous avons la chance de commencer maintenant là. Parce que nous avons des pays qui ont commencé avant nous, qui ont fait des erreurs de parcours, de démarrage, d’établissement des itinéraires de production. Nous sommes nouveaux dans le secteur. Le développement, c’est les étapes, c’est comme la science, c’est une évolution mais en rectification. C’est pourquoi j’ai dit que nous avons de la chance de commencer maintenant parce que y a eu des évolutions qui ont échoué nous essayons de corriger les imperfections de ces évaluations pour établir des modèles viables pour le système guinéen. Dans ce sens, on a opté pour plusieurs projets sur lesquels on est en train de nous battre auprès des bailleurs pour avoir des financements. Par exemple, y a la pisciculture intégrée à l’agriculture, à la pisci-riziculture qui est un modèle guinéen. On fait la pisciculture dans les bas-fonds où on fait également du riz.
Est ce que vous avez une idée sur le nombre de pisciculteurs en Guinée et quelle est la quantité de poissons qu’ils produisent par an ?
Nous sommes à peu près 3000 pisciculteurs sur toute l’étendue du territoire national avec une production de 4106 tonnes de poissons en 2022. C’est-à-dire, qu’une production minimale d’une tonne par pisciculteur. C’est très peu parce que chaque Guinéen doit manger au minimum 20 kilogrammes de poissons par an. Normalement, on doit pouvoir produire 100 fois ce qu’on a produit. Pour améliorer les choses, on a commencé à travailler depuis l’année dernière avec le projet de développement agricole intégré, qui a un volet pisciculture où y a l’aménagement de 150 étangs mais aussi la formation de 150 jeunes incubateurs dans plusieurs volets ( aménagement, reproduction artificiel, commercialisation et grossissement de poissons). On a formé des jeunes qu’on a envoyés sur les sites privés où ils suivent un itinéraire de production, en suivant cet itinéraire de production ils mettent devant des fiches technico-économique que nous même on essaie d’élaborer non pour rentabiliser la productivité des bassins.
Les ressources halieutiques se raréfient en Guinée. Qu’est-ce que vous faites pour inciter les promoteurs afin de combler le manque de poissons ?
Les semaines passées, nous avons agi sur la production rapprochée. Tu veux te lancer dans la pisciculture hors-sol, on fait des appuis techniques, on élabore des fiches technico-économiques et par la suite, on les aide à commercialiser les produits. C’est une commercialisation mobile qu’on fait, on a effectué un test de commercialisation mobile sur le grand Conakry, on a essayé de mettre en place des itinéraires, on essaie maintenant de mettre ces itinéraire à la disposition des producteurs. Un producteur qui contacte l’agence nationale de l’aquaculture, on sait là où aller pour avoir une clientèle qui a déjà goûté le produit. C’est des informations qu’on met à la disposition des producteurs.
Interview réalisée par Ibrahima CAMARA pour Siaminfos.com