Procureur Aly Touré: « Si vous voyez les documents dans lesquels Ibrahima Kassory a fait des signatures, les différents virements bancaires… »
Comme on pouvait s’y attendre, le procureur spécial près la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a réagi à la condamnation de l’ex Premier ministre guinéen ce jeudi, 27 février 2025. Jugé à son absence pour des raisons de santé selon ses avocats, Dr Ibrahima Kassory Fofana a été reconnu coupable des faits de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment des capitaux. Ainsi, il a été condamné à cinq ans de prison et au paiement de deux milliards de francs d’amende. Sur l’action civile, l’homme devra payer à l’État guinéen la somme de 15 milliards de francs guinéens à titre principal et 3 milliards gnf, à titre de dommages intérêts. Une décision qu’a expliquée Aly Touré, au sortir de l’audience.
Tout d’abord, le représentant du ministère public rappelle que « c’est une procédure qu’on a engagée depuis 2022. Dans le plan d’action même de la CRIEF, il était dit qu’on avait des dossiers en instance qu’il fallait faire juger, et dont le dossier Ibrahima Kassory Fofana.
Nous avons donc saisi la chambre de l’instruction, et à ce niveau-là, le prévenu a été suffisamment entendu. Ce qui a abouti à son renvoi devant la chambre de jugement pour être jugé conformément à la loi, pour les faits de détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite. Et après plusieurs jours d’audience, vous avez suivi avec nous aujourd’hui la décision de la chambre de jugement, condamnant Ibrahima Kassory Fofana à une peine de 5 ans d’emprisonnement et à une amende de 2 milliards de francs guinéens », a-t-il indiqué.
Pour l’empereur des poursuites de la CRIEF, « c’est un motif de satisfaction parce qu’il a été reconnu coupable de toutes les infractions pour lesquelles nous l’avons perçu, notamment le détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux. Ce n’est que justice parce que si vous voyez les documents dans lesquels Ibrahima Kassory Fofana a fait des signatures, les différents virements bancaires, tout ça, vous comprendrez aisément que la décision de la chambre de jugement est bien fondée », a-t-il révélé.
La gestion de la situation sanitaire de l’ex Premier ministre après sa condamnation!
« Il était jusque-là à la clinique pour des raisons de traitement. Nous allons nous adresser au médecin. Si son état ne nécessite plus de soins, nous allons le réintégrer à la maison centrale.
C’est clair. Il faut faire la part des choses et bien préciser les choses. Kassory n’a jamais bénéficié d’une décision d’évacuation sanitaire. Mais je le réitère, il faut que ce soit clair pour tout le monde. Il n’a jamais bénéficié d’une décision d’évacuation sanitaire. La décision de la chambre était qu’il fallait le placer dans un milieu hospitalier spécialisé. C’est ce qui a été dit. Il n’a jamais, mais jamais été question de son évacuation sanitaire. En soi, c’était une décision qui n’était pas facile à exécuter parce que moi, en tant qu’exécutant de ce genre de décision, je vais chercher un centre spécialisé chez moi. Je n’ai que les informations des cliniques qui sont en République de Guinée. Donc, je suis en train de chercher. Si je trouve une clinique appropriée à son état de santé en Guinée, je le ferai. Parce que rien ne me dit que ça doit être à l’extérieur. Ils m’ont dit de trouver une clinique et de le placer là-bas dans un établissement spécialisé. C’est ce qui a été dit. Je ne me suis pas opposé. Ça aussi, je ne me suis pas opposé à l’exécution de cette décision. Sauf que ça devait poser problème dans son exécution parce que la décision était ambiguë », a-t-il déclaré.
Raisons de la demande de récusation du juge Yagouba Conté!
« Moi, j’ai demandé la récusation parce que simplement j’ai compris que la manière dont le premier juge était en train de conduire le débat n’était pas très agréable procéduralement. C’est pourquoi je me suis dit… Parce que c’est mon droit aussi en tant que conseiller public de demander à un juge qui ne conduit pas un procès dans les règles de l’art, qu’il soit remplacé par un autre. C’est ce que j’ai demandé, j’ai obtenu.
Mais ce n’était pas lié aux décisions qu’il a rendues. Moi, je suis professionnel. Si on a une décision à ma disposition, je connais les voies de recours, je vais là-bas. Si c’est un appel, je vais là-bas. Si c’est au pourvoi, je vais devant la cour suprême. Alors, quand on dit que la décision a été rendue contradictoirement, or Kassory ne s’est pas présenté… Oui, la décision, le juge a motivé le caractère contradictoire de la décision ».
L’absence de Kassory Fofana pendant son procès !
« Vous savez, un prévenu, quand il est cité régulièrement, doit comparaitre. Et si, par sa volonté, le prévenu lui-même ne comparait pas, ce n’est pas qu’on ne l’ait pas extrait, ce n’est pas qu’on ne lui ait pas exhibé une lettre d’avertissement en tant que détenu, qu’il n’est pas venu. C’est parce que, simplement, il a décidé de ne pas venir et il a décidé à son encontre.
Il ne peut être que contradictoire. C’est comme s’il était présent parce que sa non-présence est due à son propre fait. Est-ce que ça a joué un peu sur le verdict ? Non, non, ça n’a aucun impact sur le verdict. Même s’il se présentait, nous avons confiance en notre poursuite. Nous savions que les juges allaient nous suivre quant aux éléments du dossier. Parce que tout a été tiré du dossier, rien n’a été inventé.
Nous savions que nous avions une poursuite qui était très solide et il ne pouvait pas échapper à ça », a-t-il fait savoir.
BAH Mohamed pour Siaminfos.com