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Quel type de régime pour la Guinée après la transition ? : ce qu’en dit le sociologue et ancien ministre, Pr Bano Barry

Sauf changement de dernière minute, les militaires doivent céder le pouvoir aux civils en moins de deux ans. Alors que la tenue des futures élections reste pour le moment incertaine, de nombreux observateurs se penchent déjà sur quel type de régime instaurer en Guinée, après cette transition militaire. Pr Bano Barry, sociologue et ancien ministre de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation suggère un régime présidentiel.

Dans un grand oral auquel il s’est livré, l’ancien conseiller du président déchu Alpha Condé a laissé entendre que le régime qu’il croit meilleur sera bénéfique pour le pays : « Compte tenu de la configuration ethnique de la Guinée, des pesanteurs qui existent dans cette société, pour moi, le meilleur régime, c’est un régime présidentiel avec un vice-président. Pratiquement, la question éthique apparaît en Guinée à trois niveaux : à l’élection présidentielle, aux nominations dans l’administration et dans l’accès aux marchés publics de l’État. Dans la vie courante de tous les jours, la question ethnique n’existe pas. Si vous voulez vous marier, vous trouvez la femme que vous voulez, nous ne vous posez jamais la question sur son appartenance ethnique. Si vous êtes pauvre, vous allez marier une cousine. Si vous êtes très riche, on vous trouvera une cousine. Celui qui se marie en dehors de son groupe, c’est quelqu’un qui a réussi. Dans un pays comme la Guinée, pour étouffer la question ethnique qui n’apparaît qu’au deuxième tour, rarement au premier tour, ce qu’il faut faire, c’est d’avoir un ticket : président et vice-président. Si vous avez des tickets, vous aurez des combinaisons mathématiques si compliquées que la question ethnique ne peut plus être mise en avant. Il faut être un imbécile pour être soussou et avoir un vice-président soussou. Ça veut dire que si je suis candidat peul, j’ai intérêt à choisir le meilleur colistier, celui dont je suis certain qu’il est capable de m’apporter le maximum de suffrages. Et comme ça, je ne veux pas d’un Premier ministre. Je veux président et vice-président sans Premier ministre, je veux que le président gère directement son gouvernement », a-t-il fait remarquer avant de poursuivre :

« Lorsque vous avez un Premier ministre, vous lui donnerez quelques postes à nomination, il nomme. Ce qu’il a proposé et ceux qui sont proposés par le président, ne sont pas traités par lui sur le même pied d’égalité. Vous avez forcément une situation quand vous avez une dualité au niveau de l’exécutif c’est-à-dire président et Premier ministre dans la gestion, ce qui va se passer, ce qu’en réalité, vous avez deux possibilités. Vous avez un Premier ministre qui ne sert à rien, donc c’est le premier des ministres. Et vous avez une deuxième variante, un Premier ministre suffisamment efficace qu’il a envie de vous remplacer. Donc, chaque fois qu’il se rase la barbe, il se demande quand est-ce qu’il va mettre le président dehors et récupérer son poste. Au lieu d’avoir une situation pareille, pour qu’il ait une unicité du pouvoir, il est préférable d’avoir un président avec un vice-président qui en fait son second et il gère directement. Il utilise le cabinet de la Présidence pour pouvoir l’aider à gérer le gouvernement », a-t-il suggéré.

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Autre sujet abordé par l’ancien ministre, est celui relatif aux nominations à des emplois civils. Il suggère que le Parlement ait un droit de regard là-dessus : « Que toutes les nominations passent à l’Assemblée nationale pour les ministres et les ambassadeurs. Pas pour que les députés refusent, mais qu’ils auditionnent ceux qui vont devenir ministres pour faire une note technique au président de la République, en disant vous voulez nommer telle personne, vous l’avons écoutée, sur les questions liées à son secteur, nous pensons qu’il a la compétence nécessaire. Il nous a prouvé qu’il a une vision ainsi de suite. Vous avez voulu nommer une telle personne, on est désolés, nous n’avons pas été satisfaits. Le président peut toujours garder la personne en question, mais il sait à priori que la note technique qui lui a été faite par l’Assemblée nationale indique qu’ils ont décelé un problème de compétences avec cette personne. A mon avis, que les ministres aient la latitude de proposer les cadres de leurs cabinets, mais que cela passe par le conseil interministériel pour qu’il ait un débat, dossier sur dossier. C’est-à-dire on ne dépose pas un nom, on dépose à la fois le CV, mais aussi tous les diplômes. Et on dépose l’original qui est photocopié par le ministre qui va le déposer. Il ne dépose pas une photocopie parce qu’il y a des cybers à Conakry qui fabriquent des photocopies. Sur chaque poste, il faut qu’il ait un minimum de trois dossiers, on évalue et classe les trois personnes, et on va en Conseil des ministres pour débattre. A la fin, le président signe le décret de nomination. Lorsque les personnes nommées sont compétentes, ont été choisies en toute transparence, sur la base de leurs capacités et de leurs performances, il y a beaucoup plus de chance qu’ils soient honnêtes et sérieux au travail. Lorsque quelqu’un sait qu’il a été nommé en catimini et qu’il n’a pas de compétences, il sait par qui il a été nommé, comment et qu’est-ce qu’il doit faire pour que celui qui l’a nommé soit satisfait », a-t-il indiqué chez nos confrères de FIM FM.

 

 

Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com

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