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Société/Kankan : l’usage de la jarre en passe d’être reléguée au second plan au profit des congélateurs

Dans la tradition mandingue, l’usage de la jarre occupe une place très importante dans le quotidien des citoyens. Hérité des anciens, ce récipient fait à base d’argile est relégué aujourd’hui au second plan par la nouvelle génération au profit des congélateurs. A Kankan, les quelques rares femmes qui s’adonnent à la vente de la jarre se plaignent de la baisse considérable de la clientèle, malgré ses nombreuses utilités, rapporte notre correspondant basé dans la localité.

Une décennie en arrière, la poterie faisait l’objet de convoitise par la population à travers l’utilisation de la jarre. Communément appelée « Djinda », « londè » ou encore « fagnan » en maninka, ce récipient utilisé pour la conservation de l’eau dans les foyers a de multiples utilités.

« Avant que la mariée n’entre chez son mari, c’est la jarre qui doit d’abord entrer, mais les gens ne respectent pas ça. C’est ce qui fait que beaucoup de mariages ne durent pas aujourd’hui. L’eau de la jarre est aussi très importante, tu peux boire cinq (5) sachets d’eau sans être rassasié, mais quand tu bois un gobelet d’eau de la jarre, ça te suffit », explique Gnalen Bayo vendeuse de jarre.

Existant en diverses tailles avec de divers motifs, la jarre se fait de plus en plus rare dans le quotidien des citoyens de Kankan. La prolifération des machines électroniques sur le marché comme le congélateur serait l’une des raisons, s’alarme notre vendeuse :

« Avant, on enregistrait des achats, mais aujourd’hui ça a baissé. Depuis que les congélateurs sont partout, on achète plus nos jarres. Actuellement, on peut faire deux à trois semaines sans rien vendre à cause de la prolifération des congélateurs », se lamente-t-elle.

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Venu de la sous-préfecture de Sabadou Baranama, à 75 km de Kankan, Balla Traoré est l’une des rares personnes qui préfèrent encore la jarre, il s’en est d’ailleurs acheté une pour lui et sa famille :

« Chez nous au village, les sachets d’eau ne sont pas nombreux, donc nous achetons la jarre pour mettre de l’eau dedans dans nos maisons. Pendant ce ramadan, nous mettons de la glace dedans pour que l’eau soit très fraiche », a-t-il martelé.

Au grand marché lofèba de Kankan, les femmes vendeuses de jarre ne comptent pas abandonner ce commerce, malgré le manque criard de client.

« On n’a pas d’autres métiers si ce n’est pas la vente des jarres, on est nées, grandi et on a vu nos parents dans ça, donc on continue de le faire. Nous n’avons appris aucun autre métier à part ça », indique Gnalen Bayo.

 

Cheick Ahmed depuis Kankan pour Siaminfos.com

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