Un rescapé de l’affrontement meurtrier à Gbérédou-Baranama révèle: « Ils ont attrapé mon frère et lui ont coupé les deux mains… »
Blessés et transportés d’urgence à l’hôpital régional de Kankan suite à un affrontement qui a éclaté entre la sous-préfecture de Gbérédou Baranama et Sanana il y a quelques jours, deux rescapés continuent de recevoir des soins dans de bonnes conditions. À ce jour, même si leurs pronostics vitaux s’améliorent progressivement, l’un des deux blessés a malheureusement dû être amputé des deux mains.
Rencontré à l’hôpital régional de Kankan sur son lit de malade, Kaba Condé, originaire de Sanana, est revenu sur les circonstances de leur arrestation à Gbérédou Baranama.
«Je venais d’un village voisin appelé Binko pour une salutation mortuaire. Arrivé à Gbérédou Baranama aux environs de 16 heures avec mon frère, les jeunes nous ont arrêtés. Nous sommes restés sur place et deux autres jeunes, en provenance de Kankan, sont venus nous rejoindre sur les lieux et ont également été arrêtés. Nous avons été conduits chez le président du district, qui, à son tour, nous a conduits chez le sous-préfet. Ce dernier a décidé de nous placer dans une salle de classe, en attendant de trouver une solution, car il n’avait pas de prison pour nous garder. Nous sommes restés dans cette salle jusqu’à 23 heures», a-t-il expliqué d’entrée.
Ce sont quatre citoyens de Sanana qui ont été victimes d’agressions quelques heures seulement après ce drame meurtrier. Kaba Condé raconte aussi comment ils ont été grièvement blessés, et comment les deux autres personnes ont perdu la vie.
«À 23 heures, un jeune de Gbérédou, appelé « Maire », est venu défoncer la porte de la classe et nous a agressés. À ce moment-là, tout le village est sorti et s’est dirigé vers nous. Très en colère, ils ont attrapé mon frère et lui ont coupé les deux mains. Pas les doigts, mais les deux mains. Leur intention était de lui couper la tête, mais il a réussi à se protéger, et ils ont coupé ses deux mains. Ensuite, ils sont venus vers moi et ont voulu me décapiter aussi. J’ai levé la main pour me protéger, mais ils ont sectionné les nerfs de ma main et coupé un doigt. Les deux autres jeunes qui étaient avec nous ont été lapidés à mort. Certains disaient qu’ils étaient morts, d’autres disaient qu’ils ne l’étaient pas. Pour s’assurer de leur mort, ils leur ont tiré dessus avec des fusils. Après cela, ils se sont de nouveau tournés vers nous et nous ont battus jusqu’à ce que nous tombions par terre. Sachant qu’ils voulaient absolument nous tuer, nous avons fait semblant d’être morts, ce qui nous a sauvé la vie. Nous sommes restés couchés dans le sang jusqu’à ce que les militaires arrivent, aux environs de 9 heures, pour nous évacuer. Nous n’étions au courant de rien concernant cette bagarre, nous venions simplement de Binko pour une salutation mortuaire », a-t-il ajouté.
Kankan, Pathé Sangaré pour Siaminfos.com