Musèlement de la presse en Guinée : « Cette menace vise les équilibres de la République », révèle Aliou Bah
Les relations entre la junte guinéenne et la presse privée se sont fortement détériorées ces derniers temps. Il y a quelques jours, sur ordre de la Haute Autorité de la Communication (HAC), trois médias (Djoma, Espace et Évasion) ont été retirés des bouquets Canal+ et StarTimes pour des raisons de « sécurité nationale », dit-on. Face à ce climat tendu, une bonne partie des acteurs socio-politiques guinéens se montre solidaire à la presse dans ces moments difficiles.
En visite dans les locaux du groupe Cavi Médias ce jeudi, 14 décembre 2023, le président du Mouvement démocratique libéral (MoDel), accompagné d’une forte délégation, a déploré la menace qui pèse sur la presse :
« La menace, certes, elle se précise sur la presse mais elle ne concerne pas que la presse. Il faut se dire la vérité cette menace vise les équilibres de la République. C’est pourquoi nous disons que lorsque c’est les politiques qui sont attaqués, il y a certains qui ont tendance à vouloir tout politiser et penser que ce n’est pas tout le monde qui est concerné. Ça a commencé par les politiques parce qu’à un moment donné, certaines autorités pensent que les acteurs font plus de voix, plus de critiques. Après les politiques, ça peut être les acteurs économiques. Aujourd’hui, les médias, demain ça sera qui ? Lorsqu’on a envie de dominer absolument, surtout quand c’est un groupe de personnes qui pilote ça, on cherche à taire pratiquement tout ce qui peut porter la lumière sur la vérité. C’est la presse qui fait de l’éclairage, sans la presse le pays est dans l’obscurité, l’opinion publique s’informe à travers elle, les politiques et tous les autres acteurs parlent à travers elle », a-t-il martelé au micro de Siaminfos.com, l’une des filiales du groupe Cavi Médias avant d’inviter les uns et les autres à l’unité d’actions face à cette menace qui semble se généraliser :
« Donc, la presse est l’interface entre les acteurs institutionnels, non institutionnels et les populations, et l’opinion publique tant au niveau national qu’au niveau international. Donc, ne considérez pas que c’est simplement la presse qui est visée, après c’est viser entre autres. Et c’est pourquoi d’ailleurs ce devoir de solidarité doit s’exercer. C’est pourquoi nous avons dit quand nous sommes arrivés que ce n’est pas une démarche partisane, ce n’est pas une histoire de dire que les politiques soutiennent la presse comme si c’est une démarche entre deux corporations, c’est une démarche républicaine parce qu’elle obéit à une logique. Nous sommes en politique parce que nous croyons en des valeurs. La liberté de la presse est consacrée en République de Guinée, elle a été le résultat d’un combat qui a été mené par nos aînés. Notre responsabilité, c’est non seulement de préserver ça, de consolider ces acquis pour ne pas qu’on nous ramène à des années d’obscurité », a-t-il conclu.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com