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Amnesty International réagit aux propos du porte-parole du gouvernement: « C’est lui qui a peut-être une vision erronée parce que… »

Face à la presse la semaine dernière, le ministre porte-parole du gouvernement a accusé les ONG de défense des droits de l’homme de faire une lecture « subjective » de la situation des droits de l’homme en Guinée. En réponse à cette accusation, dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction, le président de l’ONG Amnesty International Guinée a fait savoir que le travail effectué par son organisation est « totalement impartial » et est basé sur des faits et témoignages des victimes.

« S’il dit qu’on n’a pas une lecture objective de la situation des droits humains en Guinée, pendant qu’il n’a pas sûrement lu les rapports dans leur ensemble, parce que le rapport annuel d’Amnesty parle de la situation des droits humains dans plus de 188 pays à travers le monde, dont la Guinée notamment. Et l’autre rapport, c’est par rapport à tout ce qu’il y a eu comme violence ces dernières années lors des manifestations. Donc nous, Amnesty, chaque année, avant de sortir les rapports, deux mois avant, on les adresse d’abord au gouvernement et tous les départements concernés pour avoir un droit de réponse. Je pense que ces courriers ont été envoyés à la plupart des départements dont la primature, le ministère de la Justice et même à la Présidence. Si l’État, l’administration dont il est porte-parole n’a pas pu lire les rapports et nous adresser les droits de réponse, je pense que c’est lui qui a peut-être une vision erronée de tout cela, parce que nous, nous sommes une organisation professionnelle qui a un certain niveau d’éthique et de déontologie dans ce que nous faisons. Ce n’est pas des informations qui sont basées sur le oui-dire, c’est le résultat d’enquêtes, de confrontations, d’informations, de témoins, de victimes, ainsi de suite. C’est tout cela qui est traité, qui est contenu en fait dans ces différents documents que nous publions », explique d’entrée Abdoul Aziz Diallo avant de poursuivre :

« Comme je l’ai dit, Amnesty c’est une organisation impartiale qui a fait ses preuves d’ailleurs depuis près de 70 ans maintenant. Donc, ce n’est pas sur des situations comme la Guinée que nous allons mettre en berne le niveau d’éthique et de déontologie que nous avons. Comme je l’ai dit tantôt, tout ce que nous publions, c’est le fruit d’enquêtes, de lectures de documents, de confrontations de témoins, de victimes, ainsi de suite. C’est tout cela qui est traité, qui est compilé dans des documents que nous publions. Et quels que soient les pays qui sont concernés, Amnesty n’a pas en fait de parti pris. On ne dit pas en fait que c’est pays développé, pays sous-développé. De toute façon, ce n’est pas une organisation gouvernementale. Donc  ce qui fait qu’on a cette liberté en fait de nous exprimer. Et c’est ce qui fait d’ailleurs que le ministre lui-même s’exprime par rapport à notre rapport. C’est à cause du sérieux qu’il y a dans le travail. Sinon, il n’allait pas en parler. Mais sauf qu’il aurait dû lire ou demander à ses services de lire le document et d’apporter le droit de réponse où les parties dont ils ne sont pas d’accord, mais s’ils ne le font pas et que le rapport soit publié. Donc, comme on le dit souvent, quand on justifie les choses, c’est que quelque part on se reproche de quelque chose aussi. Donc si, comme lui-même il dit au cours de la conférence de presse que les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Nous ce qu’on dit à l’État d’ailleurs le rôle des organisations de la société civile c’est de faire un plaidoyer, d’attirer l’attention de l’État justement sur ce qui ne marche pas. Ce que lui-même en tant que porte-parole du gouvernement estime que ça ne marche pas lors de la répression de ces manifestations. Nous on est des organisations non gouvernementales, on est société civile, on n’a pas d’armée, on n’a pas de police, on n’a pas de gendarmerie. Mais notre responsabilité c’est de dire à l’État, il faut respecter en fait les engagements que toi-même tu as pris au niveau international. Et  la plupart des traités ou conventions relatifs aux droits humains, la Guinée les a ratifiés. Et d’ailleurs on est assujettis à fournir des rapports sur ces situations. C’est bientôt l’examen périodique universel. Donc, la Guinée va aller s’exprimer devant le conseil des droits de l’homme pour dire voici la situation dans notre pays. Et nous d’autres organisations de la société civile, on va faire un rapport alternatif pour dire oui, voici ce que l’État a dit.Voici ce que nous avons observé sur le terrain. En plus on n’est pas protagonistes, on est partenaires puisqu’on aide l’État à aller là où en fait il ne part pas souvent ou attirer son attention sur un certain nombre de dysfonctionnements. Maintenant, si le ministre lui-même il le relève, je pense que la solution c’est d’inviter en fait tous les services concernés et de leur demander de changer leur façon de faire ou d’agir selon nos lois. Mais aussi les engagements que la Guinée a pris », a-t-il indiqué avant de conclure :

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« Nous, à Amnesty, on essaie de faire les choses selon les principes, les procédures et les lois des pays, aussi les traités et conventions internationaux. Maintenant, les États aussi, comme on aime à le dire, tout le monde tire le drap de son côté. La plupart du temps, ils ne voient pas le bon côté des rapports que nous faisons. Parce que s’ils voyaient le bon côté, au lieu de dire que ce n’est pas bon, c’est de remettre en question, de voir au niveau des services qui sont incriminés pour dire, oui, ça, ça a été dit, quelle est votre version ? Ou s’ils ne peuvent pas aller là, on peut demander quand même à ces services de changer de façon de faire. Au lieu de prendre les organisations de la société civile pour cible ou autre, on devrait plutôt privilégier le partenariat. Parce que lui, en tant que ministre, il n’est pas sur le terrain. Le ministre de la Sécurité non plus n’est pas sur le terrain. Le ministre de la Justice n’est pas sur le terrain. Les informations qu’il reçoit en tant que chef de département viennent des services décentralisés ou déconcentrés. Donc, nous aussi, en toute impartialité, on leur remonte les informations que nous constatons sur le terrain à travers ces rapports-là. Donc, ils devraient prendre en compte ces documents, les confronter avec les documents que leurs services leur remontent. Pour tirer une conclusion, en fait, au lieu de tirer un boulet rouge sur les organisations de la société civile », a-t-il martelé.

Ibrahima Camara pour siaminfos.com

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