Mois de l’enfant à Boké: zoom sur l’exploitation des mineurs dans le petit commerce, qui prend de l’ampleur dans cette ville minière
Au centre-ville de Boké, il est très facile de rencontrer des jeunes filles dont l’âge varie entre 7 à 10 ans avec des plateaux sur tête en train de vendre divers articles. La pratique est beaucoup plus courante à l’approche des grandes vacances où les parents profitent de ce moment pour pousser leurs enfants à se lancer dans ce petit commerce. C’est le cas de Fatoumata Camara, rencontrée par notre correspondant basé dans la localité.
Âgée seulement de 9 ans, cette collégienne vend des tomates au marché Hangar. Au micro de siaminfos.com, elle explique pourquoi elle a décidé de faire du commerce.
« Puisque c’est les vacances, je n’ai rien à faire à la maison. Donc, je vends des tomates toute la journée afin non seulement de bien préparer la prochaine rentrée scolaire mais aussi et surtout, d’aider ma mère. Par jour, je peux gagner 50 à 60 mille mais en cas de forte pluie, la clientèle baisse drastiquement. Mais je suis habituée. Des fois, ça marche et des fois aussi, c’est le contraire », dit-elle.
À quelques mètres de là, nous avons rencontré Fatoumata Diassy. Plateau sur la tête, cette fille qui vit avec sa tante fait le tour de son quartier, en vendant de l’eau.
Pour elle, c’est plutôt à cause de l’envie d’apprendre à se battre qu’elle exerce cette activité. «Ma tante me dit toujours qu’il faut apprendre à se battre maintenant car elle ne peut tout faire pour nous parce qu’elle a plusieurs enfants. Et, chacun se débrouille quelque part pour se prendre en charge. C’est la raison pour laquelle je fais ça» , s’est-elle justifiée avant de déclarer: «mes camarades se moquent de moi parfois quand je rentre à la maison trempée ou bien si je n’arrive pas à vendre beaucoup. Mais je ne les écoute pas. Aujourd’hui, j’ai enfin réalisé qu’il est important de ne pas compter sur les gens », dit-elle.
Au marché 400 bâtiments, situé dans le quartier Yomboya, des fillettes déambulent toute une journée à la recherche du quotidien. En franchissant la porte d’entrée de ce centre de négoce construit en 2022 à l’occasion de la célébration du 54e anniversaire de l’indépendance de la Guinée, nous avons croisé la petite Binta Diallo, qui fait le même récit que les autres enfants, intervenues ci-haut.
Venu acheter des condiments dans ce même marché, Fatoumata Koumbassa, mère de famille dit comprendre la souffrance des parents qui poussent ces enfants à s’adonner à cette pratique jugée peu orthodoxe. Cependant, elle estime que ce n’est pas la solution pour résoudre les problèmes familiaux.
« Je sais que c’est difficile pour nous les femmes en ce moment mais laisser les enfants comme ça, il y a des risques de noyade, de maladie et de disparition. En tout cas moi, je ne peux autoriser les miens à faire ces genres de choses. C’est pourquoi, nous les mères de familles devrons trouver d’autres alternatives car l’argent que les enfants gagnent ne peut pas résoudre vos problèmes», déplore cette dame.
Le phénomène s’avère dangereux car vouloir laisser les jeunes filles pratiquer le commerce peut les pousser à abandonner l’école au profit de l’argent, a laissé entendre une autre femme.
Boké, Bailo Bah pour siaminfos.com