Un activiste rejette les excuses publiques du gouverneur de Kankan au nom des organisateurs de la marche de soutien au CNRD
Alors que les manifestations sont interdites sur l’ensemble du territoire national, des jeunes ont récemment organisé une marche dans la préfecture de Kankan pour apporter leur soutien au CNRD. Un acte qui a irrité le ministre de la Justice et des droits de l’homme, qui a annoncé des poursuites judiciaires contre les organisateurs de cette marche de soutien au CNRD. Au lendemain de cette annonce, le gouverneur de la région administrative de Kankan, le colonel Moussa Condé et le directeur préfectoral de la jeunesse ont présenté des excuses publiques aux autorités judiciaires au nom des jeunes mis en cause.
Un acte que condamne beaucoup d’observateurs, à l’image de Ibrahima Aminata Diallo, président de la coalition nationale des acteurs pour la paix et le développement. C’était lors d’une interview accordée à notre rédaction ce mercredi, 16 août 2023.
« Ça veut dire qu’il (gouverneur ndlr) était informé déjà que la manifestation allait avoir lieu. Mais moi, je pense que ça ne relève pas de ses prérogatives de demander pardon pour ces jeunes, on doit laisser la justice faire son travail. Ils savaient que toute manifestation était interdite, ils étaient conscients de ça. Le gouverneur n’a pas besoin de demander pardon, qu’on laisse la justice faire son travail parce que sinon, ça devient une ingérence dans les affaires judiciaires du pays. C’est ce que nous avons toujours dénoncé depuis pratiquement plus d’une dizaine d’années et c’est souvent ce qui se passe.
Le gouverneur de Kankan, on sait que c’est la bouche, les oreilles du CNRD, du président de la transition. Moi, je condamne avec la dernière énergie toute ces manœuvres. C’est des manœuvres dilatoires qui peuvent conduire à des échecs parce qu’on veut une transition réussie. Quiconque trouve que la meilleure façon d’accompagner la transition c’est d’encourager le CNRD et le colonel Mamadi Doumbouya à s’éterniser au pouvoir, on est en train de le conduire dans les erreurs. Le colonel ne doit pas écouter les sirènes révisionnistes qui sont autour de lui, qui pensent qu’il peut faire ce que Lansana Conté a fait. Moi je dis que les moments ne sont pas les mêmes », déclare-t-il avant d’ajouter:
« Je suis sûr que les gens qui ont manifesté à Kankan, si c’était contre la transition, je pense que le même jour, on allait réprimer, voire même dans le sang et faire des arrestations. Vous avez vu que Les femmes qui ont manifesté à Kankan pour le retour d’Alpha Condé, on les a poursuivies et jugées. Pourquoi la situation pareille, on ne devrait pas agir de la même façon? Mais malheureusement, ce sont des pro CNRD qui ont manifesté, cela veut dire que la justice c’est eux. Quiconque n’est pas d’accord, c’est la prison qui t’attend. À partir de l’instant même, y a une levée de l’interdiction des manifestations, c’est ce qu’on a montré. Imaginez si c’était dans la zone de l’axe, souvent on réprime dans cette zone dans le sang. C’est le moment de rappeler qu’à chaque fois que y a manifestation dans cette zone, on réprime dans le sang. Mais à Kankan, on a pas réprimé, à Kaloum on a pas réprimé », a rappelé le président de la coalition nationale des acteurs pour la paix et le développement.
Ibrahima CAMARA pour siaminfos.com