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Débats autour de la réduction des partis politiques en Guinée : ces mises au point du sociologue et ancien ministre Pr Bano Barry

Le débat d’orientation constitutionnel initié par le Conseil national de la transition (CNT), a pris fin ce vendredi, 2 juin 2023. Parmi les propositions faites par les différentes composantes de la société, celles relatives à la réduction du nombre de partis politiques ont par endroit retenu l’attention des uns et des autres. De l’analyse de Pr Amadou Bano Barry, sociologue, le nombre pléthorique de partis politiques que connait aujourd’hui le pays a été consacré par des constitutions antérieures.

D’entrée, l’ancien ministre de l’Éducation Nationale fait deux analyses : « Lorsque le CNT est revenu de l’intérieur du pays, ce qu’ils ont communiqué dans leur rapport, c’est de dire que la population rapproche au système politique qui résulte des constitutions. Deux éléments : un, la toute-puissance du président de la République et le deuxième, le nombre élevé des partis politiques qui assimilent à de l’exacerbation de la question ethnique. Quand vous regardez les corps constitués qui se sont exprimés, il y a d’autres que les Guinéens semblent reprocher aux anciennes constitutions. Parmi ces éléments, c’est le fait que le droit d’être candidat aux élections législatives et présidentielles soit réservé exclusivement aux partis politiques. Il n’y a pas suffisamment de séparation de pouvoir entre l’exécutif et le judiciaire. Grosso modo, quand on regarde les critiques, voilà les grandes critiques que l’on rencontre dans les propos des uns et des autres. Trop dire de considérer que tous les Guinéens depuis 1958, nous ne sommes pas suffisamment bons pour pouvoir appliquer. Académiquement, on a deux façons en sociologie de raisonner. On raisonne de façon holistique c’est-à-dire que l’individu est le résultat de son environnement, qui exerce sur lui une pression qui fait qu’il se comporte d’une certaine façon. Et deuxièmement, on a une analyse individualiste qui part de l’hypnose que l’individu est l’acteur, c’est lui qui détermine la façon de faire. Mais quand vous regardez très bien certaines des choses que l’on reproche aujourd’hui au système politique, ça provient de nos lois, je pense qu’il ne faut pas le nier. Je ne dirai pas ceux qui nous ont dirigés sont bons. Mais la toute-puissance du président vient de quoi ? De l’article 25 de 1958 qui dit que le président nomme à tous les emplois civils et militaires. Et personne n’a jamais changé ça. En 2010, la Constitution a voulu réduire cette puissance, ils ont introduit la possibilité que le Premier ministre nomme à des emplois. Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Ils ont laissé à une loi organique, le soin de déterminer le champ de nomination du président et celui du Premier ministre. Cette loi organique n’a jamais été prise alors qu’il aurait été très simple pour le CNT à l’époque de prendre cette loi organique avant ou après l’adoption de la Constitution, puisqu’il n’y a jamais eu de référendum par rapport à cette Constitution », a-t-il fait remarquer avant de poursuivre :

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« Aujourd’hui, tout le monde se plaint qu’il y a beaucoup de partis politiques, 185 reconnus et probablement sur les tuyaux il doit y avoir une cinquantaine de partis politiques. Mais pourquoi il y a autant de partis politiques, c’est la Constitution de 1990. L’article 3 de cette Constitution dit que seuls les partis politiques présentent les (candidats, ndlr) aux élections nationales. Et la Constitution prévoit que 2/3 des députés sont élus sur une liste électorale. En réalité, si vous voulez devenir député, vous avez le choix entre deux alternatives : vous adhérez à un parti ou vous en créer un. Quand vous adhérez, vous n’avez aucune certitude que vous serez député parce que chaque leader connaît son poids électoral. En fonction de vos relations, il peut vous positionner à un niveau où vous ne serez pas élu. Pour qu’il vous positionne au niveau où vous serez élu, il faut que vous soyez un escroc. L’aboutissement, c’est que tous ceux qui veulent devenir député et qui ne veulent pas rentrer dans un parti politique, ils créent un parti. La quasi-totalité des leaders des partis politiques créés tout dernièrement ne se présentent jamais à l’uninominal. Le seul qui a tenté l’expérience, c’est Abbé Sylla. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il a perdu l’élection. Ils se présentent tous sur la liste nationale par le mode de scrutin que nous avons, permet en réalité que lorsque les grands partis se sont partagé le gros du butin, que les petits puissent manger le menu fretin.  L’aboutissement, c’est qu’on a voulu délibérément qu’il ait une pluralité de partis politiques. Si on ne voulait pas qu’il ait une pluralité de partis politiques, c’est très simple. C’est le mode de scrutin qu’on change et tout le monde le sait », a-t-il indiqué chez nos confrères de FIM FM.

 

 

Mohamed Lamine Souaré pour siaminfos.com

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