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N’valy Condé : « Aujourd’hui, plus de 40 mille filles refusent d’aller à l’école parce qu’on leur demande d’enlever le voile »

La décision interdisant le voile en milieu scolaire continue de faire grincer des dents en Guinée. D’ailleurs elle est rejetée par de nombreux acteurs éducatifs. Selon N’valy Condé, enseignant chercheur et coordinateur de la plateforme Guinée éducation, plus de 40 mille jeunes filles sont contraintes d’abandonner l’école à cause de cette mesure du ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation.

Interrogé ce lundi, 9 octobre par un reporter de Siaminfos.com, N’valy Condé estime qu’il faut revoir cette interdiction du voile dans les écoles. Car dit-il, elle viole même le principe de laïcité.

« Quand on dit que l’école est laïque, est-ce que cela veut dire que les pratiques religieuses sont interdites à l’école ? Non! Cela veut dire qu’à l’école, chacun est libre de pratiquer sa religion à condition que cela ne porte pas préjudice aux autres. Ce n’est pas parce que la France a interdit le voile que nous devons l’interdire ici. Nous devons faire beaucoup attention. La Guinée ne doit pas être un pays suiviste. C’est une question de religion, et on est libre d’adhérer à la religion qu’on veut dans un Etat laïque. La laïcité ne veut pas dire interdiction, la laïcité veut dire acceptation. Cette décision est donc à revoir.

Le voile empêche-t-il les élèves d’apprendre à l’école ou l’enseignant à dispenser convenablement son cours ? Selon cet enseignant chercheur, cette décision a plus de conséquences néfastes que d’importance.

« Aujourd’hui plus de 40 mille jeunes filles refusent d’aller à l’école parce que tout simplement on leur demande d’enlever le voile. Qu’est-ce qu’on fera de ces filles là ? Pendant que le projet PRODEG a débloqué plus de 15 millions de dollars pour la scolarisation de la jeune fille, on empêche d’autres filles d’aller à l’école », a-t-il dénoncé.

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Notre interlocuteur demande aux autorités en charge de l’éducation de revoir leur copie, concernant cette décision.

« Avant de prendre une telle décision, il fallait élargir la consultation. Tout ce qui touche à la religion, doit interpeller tous les acteurs socioculturels et religieux. On doit se retrouver entre acteurs concernés, pour s’interroger sur l’impact du voile à l’école, avant de l’interdire », a-t-il préconisé.

Selon le porte-parole du ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation, cette décision est prise pour identifier les élèves en situation de classe et qu’elle vise uniquement le voile intégral. Cependant chez N’valy Condé, cette thèse n’est pas soutenue. « Voile égale à voile », a-t-il coupé court.

 

Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com

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