La photographie à l’ère du numérique en Guinée : « Ce qui est sûr, nous sommes relégués au second plan »
A cette ère du numérique, les photographes guinéens disent être confrontés à de nombreuses difficultés. Des difficultés liées au manque d’organisation dans leurs rangs et l’absence du soutien de l’État. Ils décident enfin de briser le silence pour attirer l’attention des autorités par rapport à leur situation. Lamine Sylla, le président de l’Union des photographes professionnels de Guinée que nous avons rencontré ce lundi, 07 août 2023, s’est exprimé à cœur ouvert au micro de Siaminfos.com.
Lamine Sylla ainsi que plusieurs autres jeunes guinéens, sont passionnés de la photographie. C’est ainsi qu’en 2017, cet homme avec certains de ses confrères ont décidé de mettre en place une structure appelée l’Union des photographes professionnels de Guinée. Le but était de réglementer le secteur, afin que le métier puisse nourrir son homme. Mais en dépit de tout le combat mené pour gagner ce pari, ces photographes guinéens sont partagés entre désert et enfer. Manque de clientèle et d’organisation, ainsi que l’absence du soutien de la part de l’Etat sont entre autres les problèmes auxquels ils font face depuis belle lurette.
« Ça fait des années qu’on se bat, mais il n’y a pas mal de difficultés que l’on subit surtout dans le cadre organisationnel. Si tous les photographes acceptaient d’être dans une structure, ça pourrait nous avancer dès aujourd’hui. Ce qui nous impacte de plus aujourd’hui, ce n’est pas l’arrivée du smartphone. Le smartphone, ça diminue certes la clientèle, mais ça facilite notre activité, en ce sens que nous parvenons à servir les clients en temps réel et au moment voulu. Alors qu’hier, on ne pouvait pas le faire. L’autre difficulté, c’est qu’on arrive pas à avoir tellement de marchés comme ce qu’on gagnait avant. Je prends un exemple, un mois est consacré par un département ministériel pour la photographie, mais durant ce mois ce ne sont pas les vrais photographes qui font le boulot qui peut être rentable pour eux, mais ce sont d’autres personnes qui travaillent à la place des photographes. Or, si nous aussi, on a ce genre de contrats en tant que structure, ça peut nous faire survivre. Ce qui est sûr, nous sommes relégués au second plan », a-t-il expliqué avant de renchérir:
« Personne ne peut se surpasser de la photographie, tout le monde communique aujourd’hui à travers la photo et travaille à travers la photo. La photographie reste un moyen sûr pour vendre la bonne image d’un pays comme le nôtre. Mais aujourd’hui, personne ne fait quelque chose pour soutenir les photographes », a-t-il déclaré.
Pour donc inverser la tendance, notre interlocuteur lance une invite à l’endroit des autorités compétentes afin de revoir leur cas.
« Nous attirons l’attention d’abord de notre Direction générale, l’Office national de la cinématographie qui, aujourd’hui, a commencé la réglementation de ce secteur. Mais, il ne doit pas se limiter à la réglementation seulement. Car la réglementation, c’est aussi contribuer à son organisation et mettre des moyens à la disposition des structures existantes pour pouvoir bien s’organiser et donner la chance à d’autres photographes de s’organiser. Après l’organisation, c’est de nous aider à travers l’office vers le département à ce qu’on ait le contrat des photos d’identités, surtout celles d’identités scolaires. On va attirer leur attention par rapport à cela, c’est l’office qui est aujourd’hui entre le département et notre corporation. En gagnant ce contrat, nous pouvons avoir un fonds pour pouvoir organiser nos activités, notamment la journée mondiale de la photographie qui est célébrée chaque 19 août à travers le monde », a-t-il lancé.
L’autre message du président de l’Union des photographes professionnels de Guinée, est d’appeler tous les confrères photographes à resserrer les rangs de la structure pour pouvoir avancer et atteindre leurs objectifs.
Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com