Presse guinéenne en danger : « Ce sont les entraves jusqu’à maintenant inédites », s’alarme Jeanne Lagarde de RSF
La junte au pouvoir et la presse guinéenne semblent ne plus conjuguer le même verbe depuis un bout de temps maintenant. A l’issue d’une journée sans presse observée mardi dernier par la corporation et le boycott des activités du pouvoir en place notamment, les associations de presse ne comptent pas lâcher prise. Face à ce climat tendu entre les deux camps, Reporters sans frontières (RSF) ne reste pas non plus indifférent.
Jointe au téléphone ce vendredi, 26 mai 2023, Jeanne Lagarde, chargée de plaidoyer Afrique de l’Ouest de ladite organisation, décrit une situation préoccupante en Guinée :« On voit bien qu’il y a énormément de violations ces derniers temps, elles sont diverses. Il y a eu coupures de l’internet, les signaux brouillés notamment FIM FM et la saisie des émetteurs d’Afric Vision. On a également le porte-parole du gouvernement qui a menacé les médias de fermeture s’ils ne respectent pas l’unité nationale. C’est des violations qui arrivent en même temps. Les médias ne sont pas les seuls à être menacés. On est vraiment déçus de la situation. Je me rappelle bien quand on était partis à Conakry soumettre les recommandations et établir un rendez-vous avec les nouvelles autorités, RSF était parmi les premières organisations de la société civile à être reçues par les nouvelles autorités au lendemain du coup d’État. Les autorités étaient très réceptives, mais le fait d’assister à cela c’est assez désolant. Restreindre la liberté de la presse c’est qu’on empêche les citoyens d’avoir accès aux radios et sites d’informations, c’est un coup porté à la démocratie, au fonctionnement du pays, notamment dans un contexte de contestation et de mise en place de manifestations par l’opposition. C’est évident que les citoyens doivent avoir accès à toutes les informations, au pluralisme de l’information sinon c’est tout sauf une démocratie. C’est un coup porté à la démocratie, c’est malheureux d’assister à cela en Guinée après les efforts que le pays a faits. Si on voit que la situation ne change pas, on va devoir établir un plaidoyer pour le moment interne. Mais, on va se mobiliser jusqu’à obtenir gain de cause », a-t-elle promis avant d’inviter la junte à revenir à de meilleurs sentiments :
« Ce sont les entraves jusqu’à maintenant inédites que la junte s’était montrée réceptive aux recommandations qu’on avait formulées en 2021, que la situation est en train de se dégrader comme en attestent toutes les mobilisations qui ont eu lieu dernièrement, que c’est inquiétant, alarmant. Il faut absolument que la situation change, même le fait que les autorités aient parlé à la Haute Autorité de la Communication dernièrement, en appelant plus ou moins au dialogue. Ce n’est pas suffisant, il faut que les choses changent et que les autorités elles-mêmes se mobilisent pour garantir la liberté de la presse parce que la restreindre c’est complètement contre productif, ça ne donne pas une bonne image à la Guinée. Et c’est à l’encontre des principes démocratiques », a-t-elle rappelé chez nos confrères de FIM FM.
Mohamed Lamine Souaré pour siaminfos.com