Le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), tombeur du régime d’Alpha Condé le 5 septembre 2021, semble ne plus conjuguer le même verbe avec de nombreux acteurs socio-politiques du pays. Ces derniers reprochent à la junte actuelle de vouloir « conserver » par « tous les moyens » le pouvoir. Mieux encore, ils ne cessent d’alerter sur la naissance d’une « dictature » avec le CNRD dans le pays.
A en croire le président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), il s’agit d’une évidence aujourd’hui pour plusieurs raisons : « Lorsqu’un État décide, pour une raison ou une autre, de fermer les médias crédibles, de verrouiller les sources indépendantes d’informations, de combattre les journalistes, d’éteindre les débats publics, n’est-ce pas une manière d’égarer les populations en ne leur laissant pas d’autres choix que d’écouter et croire à tout et n’importe quoi ? N’est-ce pas aussi une stratégie pour abrutir la jeunesse afin de l’amener à se contenter des futilités, du buzz et des mensonges des dirigeants ? », s’interroge Aliou Bah avant d’enchérir :
« En effet, la dictature s’instaure toujours par la manipulation des masses et l’indifférence ou la complicité des élites. Les dirigeants véreux, donc qui n’aiment pas la transparence, n’ont intérêt qu’à composer avec une population immature, distraite et fataliste. Leur ennemi, c’est la conscience citoyenne qui se construit par l’éducation et les bonnes informations. Et celles-ci s’obtiennent à travers la critique, la contradiction et le professionnalisme. Donc tout est toujours calculé pour celui qui déroule son agenda malsain et protége ses intérêts inavoués. Surtout lorsque cela se passe dans un pays où on prend au sérieux les rumeurs et les ragots », a-t-il martelé.
Comme lui, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) dénonce cet état de fait. Sur une chaîne de télévision étrangère mercredi, 5 juin 2024, Cellou Dalein Diallo n’a pas été tendre avec la junte guinéenne : « Il y a une semaine, on a assisté au retrait des agréments des principales radios et télévisions du pays par la junte, sous prétexte qu’il y a un risque sur la sécurité nationale. On a assisté également à la coupure d’Internet […]. La Guinée n’est pas loin d’une dictature. La liberté de presse est malmenée, la corruption est une réalité que tout le monde vit, et les libertés fondamentales ne sont plus respectées […] », a-t-il dénoncé chez confrères de France 24.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com