Massacre de Zogota : 11 ans sans justice ni réparation, l’avocat des victimes interpelle les autorités
Dans la nuit du 03 au 04 Août 2012, le village de Zogota, dans la préfecture de N’zérékoré aurait été attaqué par des agents des forces de défense et de sécurité guinéennes à bord des dizaines de véhicules. Cette attaque était consécutive à une série de protestations des villageois contre la politique de recrutement du consortium Vale-BSGR alors titulaire d’une concession d’exploitation du gisement de fer de Simandou dans cette zone.
Lors de ce massacre, au moins six (6) personnes ont été tuées, des habitations incendiées, des dizaines de blessés graves avec des arrestations, des détentions arbitraires, des traitements inhumains et dégradants.
Onze (11) ans après ce massacre, aucun auteur de cette atrocité n’a été arrêté et jugé par la justice guinéenne, ce malgré l’intervention de l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO le 10 novembre 2020.
Interrogé ce vendredi, 04 août 2023 par notre rédaction, Maître Pepe Antoine Lamah, l’avocat des victimes dénonce cette « inertie » de la justice guinéenne dans ce dossier.
« C’est un sentiment de déception. Depuis 11 ans cette affaire traîne, depuis 11 ans la justice guinéenne n’est pas en mesure de juger les personnes impliquées dans la perpétration de ces crimes odieux qui ont été commis à Zogota dans la nuit du 03 au 04 août 2012. L’inertie de la justice guinéenne nous a conduits à saisir la Cour de justice de la CEDEAO qui, courant novembre 2020, a reconnu la Guinée coupable des graves violations des droits de l’homme et condamné au paiement des sommes d’argent au profit des victimes. Cette décision devrait amener la République de Guinée à prendre ses responsabilités en recherchant et en jugeant les auteurs de cette atrocité. Malheureusement, c’est silence radio. Cette décision devrait également amener les autorités à commencer un début de réparation pour les victimes. Ce qui, à date, n’a pas connu son effectivité », a-t-il déploré.
A son arrivée au pouvoir en 2021, le CNRD à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya avait promis que la justice sera la boussole qui guidera tous les citoyens. Maître Pepe Antoine Lamah avait pensé que ce dossier va enfin être pris en considération. Chose qui n’a pas été le cas, dit l’avocat.
« Nous avons déjà écrit au secrétariat exécutif de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest à qui nous avons dénoncé les manquements à la Guinée de ses obligations communautaires. Nous l’avons fait bien avant le 05 septembre 2021. Nous pensions que les nouvelles autorités allaient faire face à cette situation en prenant les décisions qui s’imposent. Malheureusement, c’est silence radio partout », a-t-il laissé entendre.
Maître Pepe Antoine Lamah invite les autorités en place à prendre ses responsabilités afin de soulager les victimes qui ne demandent que justice et réparation.
Abdourahmane Pilimini Diallo pour siaminfos.com